Maurice Tourneur, en plus d'être le père de Jacques, fut un immense cinéaste des années 20 à 40, et je ne découvre son cinéma qu'aujourd'hui. Belle claque avec ce moyen métrage Obsession qui raconte le retour à la vie civile d'un homme considéré comme dangereux après un séjour en HP, envoyé par sa femme qui craignait pour sa vie. Finalement, et après une magnifique scène avec son gamin où l'on croit qu'il va l'étrangler, c'est lui-même qui demandera à être réinterné de peur de commettre un drame. Ce qu'il y a de saisissant dans ce film, hormis de belles scènes oniriques qui font penser à Epstein, c'est le jeu des acteurs. Nous sommes en 33, ça veut dire qu'en France le cinéma ne parle que depuis deux ans en gros, et le cinéma français de cette époque est généralement pas bon du tout car les acteurs ne savent pas jouer et dire leur texte pour la caméra, ils n'ont pas l'habitude, ça sonne faux... Ici, et c'est hallucinant, les acteurs jouent tous remarquablement bien, à commencer par un Charles Vanel littéralement exceptionnel, à tel point qu'on les diraient issus du cinéma des années 70. Il y a un ton, une diction, une façon de poser son texte que je n'avais jamais vu dans un film des années 30.