Film que tout le monde cite allègrement, mais qu'en réalité très peu de gens ont vu.
OCTB c'est ce film mystère qui est assez connu, son acteur principal aussi, son genre, son année de sortie... Mais le reste, c'est pour les puristes.
Presque à l'image de son réalisateur dont le nom est connu de tous, pour d'obscures raisons car personne n'a vu un seul film du type en question.
OCTB est un pur produit HK, assez ancré dans son époque et dans son genre.
Un film policier comme on en fait plus, mais aussi comme on en a bouffé à la pelle jusqu'à l'écœurement...
Cependant, c'est du Kirk Wong. Et Kirk Wong moi j'aime, et je sais pourquoi je le cite.
Kirk Wong c'est ce mec qui fait des films assez tranchés et francs, qui joue toujours des rôles de connards impulsifs et violents, mais qui en interview apparaît comme un adorable nounours constamment souriant.
Et OCTB est son film d'amour. Et on comprend pourquoi.
Il n'y a pas énormément de choses à dire sur le film.
A vrai dire c'est assez classique. Ça reprend même les codes du film policier typiquement HK, mais sans trop alourdir le propos et les thématiques.
Une bande de flics un peu marginaux mais ultra investis, qui traquent une bande de sales types évidemment présentés comme des monstres abjectes.
Le lieutenant de police tête brûlée est joué par Danny Lee.
Le grand méchant par Anthony Wong.
Du classique on a dit.
Et même si les premières minutes sont sympathiques (car elles nous dépeignent le décor et l'ambiance) le rythme s'essouffle un peu en milieu de film hélas..
La traque est longue et assez pénible.
Le système hiérarchique et les confrontations entre les différents milieux policiers sont bien travaillés, mais forcent à détester ces intervenants. Mettant le spectateur dans une situation désagréable, celle d'avoir l'impression que tout le monde est idiot, égoïste et superficiel.
C'était prévu comme ça, évidemment.
Mais voir le moindre supérieur se dédouaner de ses responsabilités rend le récit assez perturbant.
Une impression logique, mais irritable.
Idem pour le couple de grands méchants. Assez froids au début, puis qu'on nous dévoile peu à peu, jusque dans une scène franchement niaise en milieu de film.. Sur fond de musique douce en plus. Bof.
Ensuite les méchants arrivent à s'enfuir à cause des supérieurs idiots et de la pression que leur met la population locale (eux aussi, tous des cons).
Mais juste après, le grand méchant se fait attraper.
Assez déroutant, on est à peine en milieu de film !
Ah non, c'est bon, il va s'enfuir là.
Ah bha non en fait, il a pas réussi.
Et ça franchement, c'est cool !
Malgré son aspect classique et presque cliché, le film se permet de petits retournements de situations surprenants et bien sentis.
Un grand méchant qui foire lamentablement son coup, ça fait du bien. C'est rare.
Le film jongle intelligemment avec cette notion de réalisme et de "non-épique". Parfois on s'attend à un fight purement cinématographique, mais l'aboutissement en est tout autre.
OCTB n'hésite pas à doucement contrecarrer les codes qu'il applique via ses personnages, sa tension, son récit etc..
Et c'est particulièrement rafraîchissant.
Un Danny Lee lisse (lee-sse..?) dans son éternel rôle de policier casse-cou.
Mais qui gagne gentillement en profondeur et en humanité.
Adulé par ses subordonnés, mais moqué comme un enfant solitaire et timide par ses supérieurs.
Idem pour les méchants. Juste mauvais et froids au début, puis humanisés peu à peu grâce à certaines scènes intelligentes.
Les flash back intelligemment pensés et amenés aident aussi à mieux les comprendre. Mais sans jamais isolé leurs côtés mauvais et malsains.
D'ailleurs, l'amour des 2 principaux antagonistes est vraiment intéressants.
Ce qui ressemblait à une sorte de syndrome de Stockholm ultra glauque au départ, fini par réellement émouvoir.
Des tensions entre ces 2 personnages sont bien présentes et on a souvent du mal à les comprendre. Des sortes de Bonnie and Clide plus tragiques et mauvais, mais pas dénué de romantisme pour autant.
Il y a de chouettes thématiques aussi.
Notamment les petites altercations avec la police et la police des police, avec ce choc des culture, de morale... Même si c'est assez convenu également.
Et ici aussi au départ c'est assez plat et déjà vu.
Mais dans un souci de réalisme et de pertinence, ce schéma est rapidement utilisé comme un combat judiciaire, plus qu'un banal fight d'ego.
Des petits questionnements sur la morale de chacun et son rapport à la justice, dispersés ici et là... Sans jamais forcé le trait. Avec une certaine justesse.
En gros, c'est cool. Très classique dans la forme, mais le fond se révèle assez profond pour intéresser réellement. Et le tout sans grande volonté de bouleversement, de subversion.
Ça change, ça fonctionne, mais pas radicalement. C'est léger, et c'est vraiment efficace. Mais rien de révolutionnaire.
OCTB pourrait s'arrêter là. Être un chouette film HK, suffisamment original pour être bon, mais pas assez pour être une référence absolue.
Cependant, il y a sa dernière demi-heure. Et on ne peut pas l'ignorer.
Cette demi-heure c'est du Kirk Wong énervé et particulièrement brillant.
Du Kirk Wong qui court partout, qui va sur les toits pour filmer les rues, les immeubles, la foule, le ciel.
Ça va à 2000 à l'heure, c'est structuré, c'est concret presque palpable.
La réalisation est bonne durant tout le film, sobre et efficace, mais à partir de cette dernière demi-heure, elle est tout simplement magistrale.
Les scènes d'action ressemblent à des documentaires. Les plans sont cadrés avec une grande maîtrise. C'est un festival.
Et ces scènes d'action, ultra réalistes, qui semblent venir d'images d'archive d'un journaliste à caméra plus que téméraire... Whoua.
Et enfin ce final. Pas des plus originaux mais super efficace et malin.
Pas simple de parler de ce OCTB tant il est complet, et incomplet à la fois.
On sent qu'il pioche un peu partout, avec une certaine justesse. Mais peut être qu'on aurait aimé plus de punch et de changement..?
Mais le film n'a pas été pensé comme ça, donc difficile de vouloir de lui quelque chose qu'il ne veut pas être.
La maîtrise est là. C'est efficace.
En terme de film policier à la sauce Hong Kongaise, c'est très clairement une référence.
Plus brut et rigide qu'un Crime Story, moins sombre qu'un Ringo Lam, plus simple et naturel qu'un Johnnie To, moins bête qu'un Benny Chan... Kirk Wong a son identité à lui. Et ça rend vraiment bien.
Des personnages secondaires inutiles ? On s'en fout, ils le sont pour qu'on se concentre sur les principaux.
Un rythme un peu saccadé ? On s'en fout, c'est pour nous montrer le quotidien des policiers de terrain et qu'on se sente parmi eux..
Des personnages lisses et convenus au premier abord ? On s'en fout aussi, car ça nous permet d'être agréablement surpris quand ils sortent des codes établis.
Tous les défauts du film s'expliquent plus au moins. Et il faut reconnaître que OCTB est loin d'être un énième film HK sans âme.
Intimiste, intelligent, brut, astucieux.. OCTB est une référence évidente. Quelques moments laborieux mais importants pour le récit.
Et surtout une fin impeccable et légendaire.