Oh Boy n’est pas fait de belles images, ni de paillettes. Jan Ole Gerster filme Berlin au plus près de la réalité, sans couleurs. Ici pas de faste, pas de fêtes, on nous épargne le rêve hype « the place to be » dont la ville est victime depuis plusieurs années. C’est dans cette normalité que Niko, jeune « fils de » vit des coquettes sommes que papa lui donne chaque mois depuis deux ans. Deux ans durant lesquels il prétend suivre des cours de droit, qu’il sèche sans vergogne « pour réfléchir » sur lui, sur la vie… Loin des caprices d’enfant gâté, Niko se paie le luxe de l’errance, fait le choix du néant. Ses journées sont aussi vides que son gigantesque appartement meublé de cartons qu’il n’a pas encore déballés. Le film cible un moment particulier de sa vie, une journée où tout va mal, celle de la prise de conscience : il largue sa copine au réveil, le juge ne veut pas lui rendre son permis qu’il a perdu à cause de l’alcool, papa apprend qu’il ne va plus en cours et lui coupe les vivres… Mais surtout… il ne peut pas boire ce foutu café dont il rêve. Il déambule alors entre terrain de golf et plateaux de cinéma, se permet de donner son avis très cartésien à un metteur en scène hystérique persuadé du génie de sa pièce expérimentale, et ne trouve la vérité qu’en dehors de ce milieu arty, au comptoir d’un bar miteux. A la fin de cette journée d’initiation pas de réponses, pas de morale, juste cette histoire en suspend, cette errance qui s’arrête.

Niko c’est aussi un peu nous, un peu paumés, qui errons dans les cinémas art et essai et qui avons un peu honte d’être bobos.

La critique dans son intégralité sur mon webzine : http://krasisorchestra.fr/la-grande-bellezza-oh-boy-utopia-branlo/
z0uan
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le 1 juil. 2013

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