Resterons-nous ami(e)s toute notre vie ?

Deux vieux amis, Kurt et Mark, se rendent en forêt pour un week-end. Mark est enfermé dans sa routine travail/vie conjugale, il est marié et futur père de famille. Kurt quant à lui mène une vie de solitaire. Il voyage en van, n'a pas de travail stable ni de copine.

L'un est devenu un adulte désenchanté par son quotidien morne et l'autre a refusé de passer à l'âge adulte en adoptant une philosophie de vie propre à l'adolescence.

Ce week-end en forêt ouvre une parenthèse dans leur quotidien, loin de la ville et du stress pour Mark et loin de sa solitude pour Kurt.

"Old Joy" prend son temps. Les plans sont lents, les paysages sont sublimes, la musique est douce, l'histoire est simple. Le film n'est pas bavard, car beaucoup d'éléments de compréhension passent par la mise en scène et par un jeu d'acteur superbement subtil. Le tout forme un film qui repose.

Pourtant c'est la première fois qu'un film me travaille autant après une séance, car il soulève beaucoup de questions :

Est-ce que notre meilleur(e) ami(e) le restera en grandissant ? Est-ce évitable ou sommes-nous voués à partir faire notre vie chacun de notre côté ? Comment revenir à cette amitié d'antan ? "Old Joy", c'est la remémoration d'une joie passée, d'une amitié qui s'est estompée.

Dans la voiture, en route vers les forêts luxuriantes de l'Oregon, Kurt raconte à Mark une soirée dont il a gardé de très bons souvenirs, il lui lance : "Tu aurais dû être là". On voit alors le regret sur son visage, celui d'un adulte qui n'a plus de temps pour les soirées. Pas de surjeu, pas d'envolée lyrique sur leur amitié, pas de larmes, de cris. Cette scène illustre bien je trouve le ton du film. Une réaction bien mise en scène qui nous montre plus que n'aurait montré un dialogue de cinq minutes.

Mais la parenthèse finit par se refermer. Le week-end prend fin et chacun retourne à ses occupations. Mark rentre en voiture après avoir déposé Kurt. A la radio, on parle d'une routine qui s'installe, de tensions liées à un quotidien stressant etc. Arrivé devant chez lui, on sent toute la tristesse de Mark qui s'apprête à retourner à son quotidien d'adulte.

Mais c'est la scène de Kurt que j'ai trouvée la plus touchante : il déambule dans la ville, la nuit. Il semble perdu, on penserait que c'est un sans-abri. Il n'a pas de destination. On comprend alors d'où lui vient cette volonté de renouer son amitié avec Mark : elle lui rappelle une époque où les choses étaient plus simples et plus belles qu'elles ne le sont aujourd'hui.


Sa nostalgie l'empêche d'avancer et de passer à l'âge adulte.

Saint-Godard
8
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le 18 juin 2023

Critique lue 24 fois

Saint-Godard

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