Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures par Foxart
La polémique relayée à sa sortie par une partie de la critique concernant ce film et la Palme d'Or me parait absolument scandaleuse... Ne pas voir les splendeurs qu'il déploie me semble faire preuve d'une cécité et d'une bêtise totale, à se demander si ces critiques s'intéressent vraiment au cinéma.
Toute la première partie du film est absolument prodigieuse, magique, bouleversante. En toute simplicité et sans aucun chichis, Apichatpong nous invite à la table des morts et offre au cinéma les plus belles scènes imaginables, totalement éblouissantes visuellement, incroyablement fascinantes et profondément émouvantes.
La présence de cette femme monolithique et translucide, d'une douceur inouïe, la beauté incroyable de cet homme-singe évoquant Cocteau et la splendeur du récit qu'il nous conte de ses aventures, les scènes incroyables de dialyse filmée comme des rituels, la belle contemplation d'une nature divine et des créatures qui la peuple, fauves, insectes, abeilles... Tout concourt à créer sans doute le plus beau, le plus original et le plus inspiré des films et très rapidement, plus rien ne semble pouvoir contester sa palme au thaïlandais...
Mais les décrochages narratifs autant que visuels peuvent aussi parfois désarçonner... Si la scène de la princesse et du poisson chat est sans doute ce qui a été filmé de plus époustouflant depuis longtemps, idem pour la scène de l'arrivée dans la grotte et de l'agonie d'oncle Boonmee, dont les fluides vitaux se répandent au sol... que dire par contre de ces hideux photogrammes guerriers, de cet homme tenu en laisse dans un ridicule costume de singe contrastant brutalement avec la splendeur de l'homme-singe du début... Que penser de ces vingts dernières minutes totalement imbitables et affreusement laides et ennuyeuses (l'interminable scène des enveloppes dans la chambre d'hôtel, la douche du jeune moine, le dédoublement des corps...etc...) ce final laid et totalement incompréhensible m'a hélas fait l'effet d'une douche froide ou d'un coït interrompu.
Reste le souvenir absolument ébloui des trois premiers quarts du film et le gout un peu amer d'être passé si près d'un véritable chef d'œuvre.
Mais pour le reste : quelle splendeur !