Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "Un Genre = Un Film."
Scénario :
Oncle Boonmee sent sa fin venir et décide d'aller mourir dans sa ferme, entouré de quelques proches. Il y a des fantômes du passé qui reviennent et des scènes oniriques et aux 3/4 du film, Oncle Boonmee meurt.
En tant que sujet d'étude :
"Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures" est le film que j'avais choisit pour étudier ce qu'est un film contemplatif. Je supposais qu'il était contemplatif parce qu'il figurait dans les films exemple dans l'émission de radio "Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert" consacré à la question "S'ennuyer au cinéma, est-il bien raisonnable ?"
Et pour le coup, est-ce vraiment un film contemplatif ? Le contemplatif, dans l'idée, c'est qu'on passe du temps sur des plans ayant une signification particulière, qui sont particulièrement zen ou beau. Alors, oui, si le film étire ses plans, et que certains sont particulièrement beaux, d'autres sont anecdotiques : on a des plans dans le noir complet, d'autres sur un rocher et il y à la fin un plan fixe sur un gars qui se douche. Il prend du savon liquide et il se douche... voilà. Son visage reflète une forme de neutralité complète au fait de se doucher : il n'est pas particulièrement content ni malheureux... non, il prend juste une douche.
Le film propose une trame narrative mais celle-ci est plutôt simple et certains passages n'entre même pas dans le cadre de la narration (je pense à tout ce passage sur la princesse lépreuse et le lac.) C'est plus prétexte à des scènes entre le poétique, l'expérimental ou l'anecdotique. Une lecture wikipédia m'a appris que le film était coupé en "six parties" à la façon de filmer distincte, ce qui me rassure.
On aime ou on aime pas, toujours est-il que le film provoque des avis très controversé. J'aime bien l'avis sens critique de Senscritchaiev, qui met la note de 3 et donne toutes les réflexions débile qui lui sont passé devant le film. Et au fond, ces petites réflexions comme "mais oui, c'est quoi la monnaie de la Thailande déjà ?" sont aussi un effet secondaire du film. Avoir des pensées parasites devant un film contemplatif, c'est aussi un effet du film contemplatif.
Mon avis personnel :
Je suis capable d'apprécier des films contemplatifs avec des plans très longs. (Voir ma critique de "la maison" de Sharunas Bartas.) Pourtant, j'ai quand même eu du mal à ne pas m'ennuyer devant ce film et j'ai pas mal décroché. J'ai trouvé intéressantes certaines scènes comme celle du repas avec les morts ou le passage de "la princesse et le poisson chat" mais par moment je ne trouvais ça, ni particulièrement attachant, ni particulièrement poétique. Juste long.
Je voulais regarder le film par petites doses de 15 minutes, histoire d'en faire passer la pilule et au final, j'ai regardé le film par deux tranche de 50 minutes, espérant sans doute que le segment prochain serait peut-être un poil plus intéressant que celui que je venais de voir.
J'étais prêt à mettre un 4 ou un 5 d'un air ennuyé, lorsque l'une des dernière scène du film est arrivé et qu'elle a réhaussé ma note de façon QUASIMENT MÉTAPHYSIQUE.
Un novice bouddhiste passe dans la chambre d'hotel de deux protagoniste femme dont j'ai perdu le nom. Puis, il met des habits civils et propose de sortir au restaurant. Pendant qu'il se change, il s'arrête bêtement devant la télé que regarde les deux femmes. L'effet est bizarre, puisque comme on ne voit pas ce qu'ils regardent, ils semblent comme tous les trois bloqués à ne rien faire. Le fait que le film soit en thailandais augmente ce côté car je n'ai rien compris de ce qu'il passait à la télé.
Il reprend ses activités, et l'une des femmes propose d'aller avec lui au restaurant. Il accepte. Et au moment de partir, il se retourne et s'aperçoit qu'en fait, tous les trois sont TOUJOURS devant la télé. Il y a une sorte de dédoublement (non expliqué par le film) et une partie d'entre eux reste devant la télé sans rien dire alors qu'une autre part au restaurant (où ils semblent s'ennuyer aussi.)
Et pour le coup, je trouve ce passage ultra-pertinent et bien foutu sur la façon dont les écrans et la télé en particulier, nous hypnosent, coupant d'un seul coup les activités que l'on est censés faire.
Mais moi-même, j'étais à ce moment là devant un écran. Et d'ailleurs, j'étais en train de continuer à regarder ce film, que j'avais trouvé globalement ennuyeux, alors que j'avais prévu de le couper il y a une demi-heure pour aller faire la cuisine (justement...) Et pour le coup, j'ai trouvé ça génial, car le film avait réussi à me parler de moi-même.
Tu m'as bien trollé sur ce coup là, film