Kaneto Shindo n'est pas le cinéaste nippon le plus connu et reconnu mais il a tourné plusieurs films de grande qualité comme ce Onibaba. Toute l'histoire se déroule dans un lieu bien précis, un champ de roseaux au bord d'un étang, à l'époque d'une guerre civile au XVème siècle, ou deux femmes trucident des soldats égarés pour les dépouiller de leurs biens. Le récit est vraiment sordide, cruel même car les personnages et les situations ne laissent aucun répit à l'humanité avec le développement des pires sentiments humains lorsque l'on meurt de faim ou de peur. Il y a plusieurs rebondissements étonnants dans ce scénario, qui fonctionnent parfaitement relançant sans cesse le récit puis vers la fin une tendance à jouer avec du faux fantastique. La mise en scène profite un maximum du décors naturel, donnant un aspect quasi impressionniste dans les scènes de jour avec ces roseaux balayés par le vent ou les protagonistes tandis que les passages nocturnes eux sont plutôt du ressort expressionniste avec des jeux de lumières et d'ombres inquiétant, beaucoup de vitalité dans la manière de filmer les courses dans le champ à la façon d'Akira Kurosawa.