Un bon petit film sans prétention
Dans la série "le préposé avait signé pour un nanar et il s'est fait eu", je voudrais Orcs! Le film de James MacPherson partait pourtant sous les meilleurs hospices: un budget famélique, des professionnels inconnus et un synopsis nous rappelant aux bons souvenirs d'un autre mauvais film sympathique qui flirtait également avec la fantasy horrifique claudiquante: Ogre (2008)... Alors, qu'est-ce qui a cloché?!
L'histoire était pourtant alléchante pour l'amateur de déviance cinématographique: des guerriers orcs affamés s'échappent des tréfonds d'une montagne pour conquérir le monde avec pour seul rempart contre cette barbarie world of warcraftienne, le fier ranger Cal Robertson (Adam Johnson), son preux et naïf adjoint-stagière Hobart Moss (Maclain Nelson) et enfin son ex-petite amie Katie (Renny Richmond). L'affiche aurait dû alerter le préposé docteur, au même titre que la bande-annonce, mais une fois encore ce dernier fut le jouet d'une précipitation finalement bien venue tant l'objet s'apparenta à une agréable surprise, et ceci, dès les premières minutes.
Une idée de départ qu'on pourrait croire sortie de l'imaginaire d'adolescents mal dégrossis sevrés à Tolkien et consorts, torchant sur le coin d'une table, entre deux gorgés de sodas hyper-caloriques et une bouchée d'hamburger dégoulinant, l'histoire improbable d'une invasion orc (dans un parc national paumé en plein Wyoming?!!)... et des adolescents devenus adultes qui auront finalement découvert les joies du second degré.
Orcs! de par sa nature potache et son univers parodique se détache en effet quasi automatiquement des craintes suscitées en préambule. Le personnage principal reprend les bases désormais connu de l'anti-héros fumiste, glandeur, profitant par exemple de son statut enviable (?) de ranger pour confisquer l'herbe de jeunes campeurs venus passer leurs vacances dans SON parc national. Se dégage ainsi tout au long du métrage un humour et un prétexte fantastique évoquant par moment celui du trio britannique Edgar Wright, Simon Pegg et Nick Frost de Shaun of the Dead.
Le faible budget (estimé à 3 millions de dollars), s'il limite pour des raisons évidentes les prétentions scénaristiques et visuelles du film, n'entame en rien l'ambiance "débridée" d'Orcs! Au contraire, on soulignera sinon l'inventivité, tout du moins le pragmatisme de la réalisation: les guerriers orcs sont la plupart du temps engoncés dans leurs armures, enlevant à de très rares occasions leur heaume, pour dévoiler ainsi en de rares occasions des maquillages efficaces; une suggestion par défaut valant mieux que le ridicule d'un étalage bon marché. Seules réserves, la dernière partie du film ou le siège du poste des rangers par "l'armée" orc (une dizaine de figurants au grand maximum): l'humour se dilue, disparaissant au profit d'une action mettant en lumière le manque de moyens de l'équipe.
Venez donc suivre les aventures d'un ranger épris de liberté, de son adjoint croisement réussi (?) entre un boy-scout et un nerd et enfin de l'ex petite-amie de notre héros passée maître dans l'art de faire bander son arc contre la menace orc.
Un bon petit film sans prétention, une alternative sérieuse aux productions misérables de SyFy (Ogre) ou d'Asylum (Supercroc), en espérant que la fine équipe puisse prochainement continuer sur la même voie avec plus de moyens.