Ordinary Love trouve un certain intérêt dans la prestation de ses deux acteurs principaux qui affirment ici une alchimie subtile et attachante, offrant au spectateur une tutelle sur laquelle s’appuyer pour affronter un sujet douloureux et actuel. La cellule conjugale apparaît à la fois comme un tout indivisible et cohérent, fort d’une routine synonyme de bien-être et de confiance mutuelle, et comme une unité en crise, ébranlée par la disparition d’un enfant, effrayée devant ce sort qui s’acharne contre elle encore et encore, jusqu’à faire évoluer le kyste supposé en cancer du sein. Le film s’empare de cette thématique avec retenue et construit un rythme de plus en plus lent, suivant la léthargie du couple entrecoupée de phases de réveils violents ; néanmoins, sa mise en scène n’est que platement illustrative et échoue à dire quelque chose de la solitude qui définit Joan et Tom, une solitude bien présente en dépit des apparences.
Le cancer est traité comme un mal qui ronge l’harmonie, change la parole en épreuve et le dialogue en conflit mené contre soi-même ; toutefois, faute de partis pris esthétiques ou dramatiques, le long métrage de Lisa Barros D’Sa et Glenn Leyburn n’atteint qu’une certaine justesse documentaire portée par l’interprétation de Lesley Manville et Liam Neeson, très convaincants ici. L’émotion perle çà et là sans jamais se cristalliser à l’écran. Certains diront que c’est ordinaire, suivant le programme du titre. D’accord. Mais le propre du cinéma était de donner à voir et à vivre les étincelles d’extraordinaire dans cet amour « ordinaire », en réalité fort plat.