A l’occasion de la sortie française du film, qui s'effectue en DVD, il me tenait vraiment à cœur de faire un petit point sur cet excellent film que j'ai eu la chance de découvrir il y a maintenant plusieurs mois et qui est sans conteste pour moi une des bonnes surprises de cette année.
Tout d'abord oublions le faite que les distributeurs français on juger bon de ne pas sortir le film en salle alors qu'il le mériterait même si il peut parfois être extrême et qu'il aurait surement eu une classification qui aurait limité son public, on aurait dû lui laisser sa chance. Et surtout oublions ce titre français ridicule qui n'est absolument pas engageant et qui pourrais même tuer le film. Filth de son titre anglais est avant tout l'adaptation du roman éponyme du génial Irvine Welsh, déjà auteur d'un certain Transpotting qui a fini par engendré un film culte.
Première réalisation de Jon S. Baird dont les principaux soucis du film viendront car celui-ci est trop maladroit dans sa mise en scène et qu'il a tendance à tomber dans toute les erreurs de débutants. Dans les maladresses on notera une introduction trop hésitante et mal exécuté ainsi qu'une révélation finale trop didactique et trop brusque, elle arrive presque trop vite dans le film. Néanmoins le reste est plutôt bien maîtrisé et à parfois même beaucoup d'ambitions notamment dans ses références. Filth étant un film très référencé, trop parfois (le film frise souvent la citation ), il va à cause de cela utiliser trop d'artifices ( les jumpscares putassiers qui aurait pu être amené différemment dans l'exposition de la psyché du personnages ) ce qui va légèrement l'handicapé mais paradoxalement tous cela va lui conféré une identité propre et hors norme, le film ne ressemble à aucuns autres, il semble intemporelle et plonge dans le métaphysique et le delirium sans crier gare ( les scènes avec le psy ou celle avec la femme ainsi que l'exposition des collègues du protagoniste ). Ces passages sont souvent très réussi et très drôle mais aussi très exigeant car c'est dans ceux-ci que l'on trouve la plupart des indices qui nous permettrons de comprendre le mal qui ronge le protagoniste. Sinon il est aussi intéressant de voir comment Baird s'amuse à caser le quatrième mur que ce soit dans l'utilisation de la voix off qui peu faire effet de débutant mais qui ici est plutôt bien géré ou les regards appuyés de McAvoy à la caméra. Ce qui souligne l'aspect satirique du film qui expose directement à nous spectateurs le désespoir, la cruauté et la déliquescence humaine, ce qui donne au film une dimension sociologique insoupçonné, subtile et très juste.
D'ailleurs c'est quelque chose que l'on retrouve dans le scénario, aussi écrit par Baird, notamment dans ses dialogues savoureux pleins d'ironie et de double sens. Le scénario est par contre d'une maîtrisé incroyable, nous plaçant tout du long dans la psyché de son protagoniste qui va nous guider dans une descente au enfers qui va finir par être hors de proportion. On aura donc qu'un seul point de vue durant la totalité du film qui s'amuse à jouer avec la réalité des événements mais aussi les fantasmes, les mensonges, les craintes ainsi que les non-dits de son personnage principal. Et tous ses éléments vont commencer à ce mélanger au fur et à mesure que le film avance soulignant à merveille la perte progressif des repères du protagoniste mais aussi des repères du spectateur, l'ensemble devient un bordel extrêmement bien contrôlé et géré pour nous mener sur une révélation vraiment percutante et une conclusion qui ne peut laisser indifférent. Car même si le film nous présente l'être le plus abjecte qui soit, il est juste impossible à haïr, déjà parce que le spectateur est incroyablement bien immergé dans le récit à ses cotés mais aussi car il est hors de tous manichéisme, c'est avant tous un homme qui souffre et dont la vie fous le camp et qui ne comprend plus comment le monde tourne. On ne peut que s'identifier et s'attacher à cette homme malgré ses bassesses et cet attachement est aussi du à l'acteur qui l'interprète.
Le casting est excellent notamment Shirley Henderson et Eddie Marsan en couple extravagant au personnalités opposées mais aucuns ne peux rivaliser avec la performance hallucinante et habité de James McAvoy. Pour moi, et c'est encore plus vrai avec ce film, il est le meilleur acteur de sa génération. Il suffit de voir comment il passe par toutes les émotions au sein d'une même scène, ou il passe de la cruauté à la compassion en un regard, il habite et crève chaque plans du film et le voir s'approprier le rôle et emmener le film vers des grandeurs insoupçonnés a quelque chose de fascinant. il pâlit chaque faiblesses du film et fait oublier ses défauts, sa performance à elle seule est un chef d'oeuvre, un des acteurs actuels le plus polyvalent, complexe et fascinant.
En conclusion Filth est un excellent film dont il serait dommage de se priver même si il connait quelques faiblesses dans sa mise en scène; son casting irréprochable, sa maîtrise et son intelligence scénaristique assure un grand moment de cinéma. Et de toute façon ce film faut le détour ne serait ce que pour la performance magistrale de James McAvoy.
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