Orlandon't
La scène de dissection représente le mieux mon problème avec cette "relecture" : le livre de Virginia Wolf est ouvert à une page choisie avant qu’il soit recouvert d’un drap ne laissant apparaître...
Par
le 10 mars 2024
1 j'aime
La scène de dissection représente le mieux mon problème avec cette "relecture" : le livre de Virginia Wolf est ouvert à une page choisie avant qu’il soit recouvert d’un drap ne laissant apparaître qu'un court passage dans le but d’en extraire une phrase coupée de son contexte. Le tout en manipulant le livre avec un soin performatif absolument ridicule considérant l'opération pratiquée. L’audace est poussée jusqu'à enlever au scalpel les images présentes dans le livre pour les remplacer par des photos de Preciado.
Audacieux mais sans surprise après qu’il se soit adressé à Virginia Wolf en l’interpellant sur le fait que hey, les personnes trans ne se réveillent pas dans un autre corps un beau matin comme ton personnage. Quel intérêt de parler directement à l’autrice depuis notre époque ? C’est mettre en évidence que c’est pas le dialogue qui intéresse Preciado c’est s’écouter parler, ce qu’il fera le reste du film à travers ses personnages et sa narration.
Trop absorbé par les échos de sa propre voix pour capter l'ironie, il évoque la naissance des mots cliniques et psychiatriques qui traitent de transexualité et d’homosexualité en revendiquant la possibilité d’exister en dehors de ces concepts fabriqués par “les autres” pour dans le même souffle appliquer notre lexique actuel à sa relecture de la vie et de l’oeuvre de Virginia Wolf. Je trouve plutôt impertinent de chercher à s’approprier l’histoire de l’autrice, sa vie sexuelle et ses écrits à travers un prisme de lecture contemporain pour les mettre au service de sa pensée.
Au-delà de ça, trois passages qui m’ont fait tiqué :
D’abord la première fois que la mammectomie est évoquée c’est par l’un des comédiens pour dire qu’il était très heureux de l’avoir fait, que ça lui a permis “d’expérimenter avec son style”. Je trouve ça absurde de l’avoir monté comme ça en liant la mammec en premier lieu à la futilité d’un style vestimentaire.
Ensuite pourquoi inclure au montage le passage durant lequel l’un des acteurs dit à Preciado qu’il a fait sa première injection après qu’ils se soient rencontré si ce n’est pour nourrir son égo et se peindre en berger méritant ?
Enfin la présence à la fin de Despentes en juge qui distribue des passeports… Hallucinant. La scène finale du film la montre s’identifiant comme Virginie Despentes, lui donner cette place c’est la mise en évidence des priorités de Preciado et du désir d’incarner des nouvelles figures d’autorité.
C’est difficile de capter à qui s’adresse le film et à quels espaces il est destiné. Il y a un décalage entre la recherche d’une forme expérimentale et le contenu rudimentaire et plutôt didactique sur l’expérience trans qui semble s’adresser à un public non averti.
Pour ne rien arranger la majeure partie des comédiens galèrent avec le texte original lu à plusieurs reprises au fil du film. Le passage du vocabulaire parlé qui leur appartient à celui du texte écrit plus chargé fonctionne grave mal.
Créée
le 10 mars 2024
Critique lue 166 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Orlando, ma biographie politique
La scène de dissection représente le mieux mon problème avec cette "relecture" : le livre de Virginia Wolf est ouvert à une page choisie avant qu’il soit recouvert d’un drap ne laissant apparaître...
Par
le 10 mars 2024
1 j'aime
On se fait chier dans un flot de plans hyper esthétisés où toutes les personnes sont magnifiques. Il n'y a aucune place pour les trans moches, c'est weirdos mais ça reste trop propre. Aussi, à noter...
Par
le 14 janv. 2024
Vu sur ARTE. Au niveau de l'esthétique, c'est joli, poétique. Au niveau du jeu d'acteurices, c'est mauvais pour quasiment la majorité, ce qui empêche l'immersion dans les propos.Au niveau desdits...
Par
le 10 janv. 2024
2
Du même critique
Les témoignages sont importants et valent que le documentaire soit vu. Ça malgré le manque de direction et l’absence de parti pris thématique de la part du réalisateur qui touche à des questions...
Par
le 10 déc. 2021
6 j'aime
La scène de dissection représente le mieux mon problème avec cette "relecture" : le livre de Virginia Wolf est ouvert à une page choisie avant qu’il soit recouvert d’un drap ne laissant apparaître...
Par
le 10 mars 2024
1 j'aime