Comme son titre l’indique, c’est l’histoire de deux petites créatures très différentes, dont l’une n’était en principe pas acceptée sur l’arche mais avait réussi à s’y introduire, qui loupent le grand départ. Elles se retrouvent ainsi contraintes de composer pour surmonter, ensemble, tout un tas d’obstacles à leur survie. Pendant ce temps là, leurs parents, restés à bord, entament la même démarche de solidarité pour sauver leurs progénitures.
La principale qualité de OUPS ! J’AI RATÉ L’ARCHE, c’est la multiplicité des messages qu’il véhicule. Le premier message, classique mais efficace, parfaitement compréhensible à tout âge, c’est que l’union fait la force. Deux « enfants » ayant reçu une éducation et des valeurs différentes pour s’en sortir dans la vie, finissent par mettre leurs qualités et leurs forces en commun pour avancer et se sortir des pires situations. Chacun s’enrichit ainsi des différences de l’autre en s’ouvrant à lui, le plus difficile étant de faire confiance et de dépasser les réflexes de réticence qui leur ont été inculqués pour se protéger. Le second message, qui ne prend son sens qu’à la dernière minute du film, est pour le coup bien plus profond mais moins évident à percevoir pour les spectateurs les plus jeunes. Il s’agit d’une véritable quête ou voyage initiatique, que l’on retrouve en filigrane dans un nombre croissant de films d’animation (cf. Le petit Prince, La légende de Manolo, Rebelle, Frère des ours, etc). L’idée développée est qu’au départ, on ne sait pas vraiment qui on est ni quels sont nos véritables besoins. On se forge un mode de vie ou une façon d’être dont on se convainc (c’est le cas des Grymps) ou dont on est conscient qu’elle ne nous satisfait pas totalement (comme les Nestrians qui déménagent sans cesse en se disant qu’ils finiront un jour par trouver leur véritable place). Ensuite, confrontés aux épreuves de la vie, ici le déluge, on est contraint de surmonter ses peurs. C’est à ce moment là que les difficultés qui se présentent et qui peuvent sembler injustes prennent tout leur sens : on va devoir puiser en soi des ressources insoupçonnées qui vont, à terme, nous révéler qui nous sommes vraiment et ce qui nous rend heureux. Une morale riche et interessante à inculquer des le plus jeune âge grâce à ce support.
Le second point positif de OUPS ! J’AI RATÉ L’ARCHE… C’est la qualité de son animation. Dans un style moderne même s'il n'est pas innovant; On traverse ainsi jungle, océan, glaciers à l'esthétique chatoyante, via le périple d’animaux dont le pelage semble tellement doux et chatoyant qu’ils apparaissent plus vrais que nature. On aurait d’ailleurs presque envie de les caresser !
Par ailleurs concernant le look des créatures, lorsque l’on regarde de près les animaux "réels", on retrouve nécessairement quelques similitudes avec ceux que l’on croise dans d’autres dessins animés de la même vaine. Bien que chaque film essaie de les présenter selon son propre point de vue, un lion, par exemple, n’est jamais très loin d’un autre lion. En l’occurrence, on ne pourra pas s’empêcher de trouver une ressemblance entre ce roi des animaux qui arbore une houppette façon Elvis Presley et le personnage de Makunga dans Madagascar 2 : La grande évasion (idem pour le chimpanzé maître d’hôtel, qui va jusqu'à porter, lui aussi, un nœud papillon).
En revanche, lorsqu’il s’agit d’espèces inventées, comme c’est le cas des protagonistes, la créativité des auteurs ne peut être remise en question voir même doit être saluée. En effet, au delà de la volonté de créer des personnages singuliers et inédits au niveau du caractère, ils ont également réussi à leur donner un aspect qui reflète leur personnalité. D’un côté les Nestrians : à la fois ouverts, sensibles et maladroits, peureux mais attachés aux valeurs sentimentales, sont incarnés sous forme de grosses peluches ni belles ni raffinées, aux membres un peu lourds, mais dotés d’une rondeur, d’une douceur et de couleurs qui les rendent attachants et attendrissants. Au contraire, les Grymps, félins animés par l’instinct de survie, prédateurs rapides et impulsifs, sont représentés de façon très élégante avec un pelage noir et or, une silhouette légère et affutée et un regard à la fois rusé et méfiant. Le scénario, quant à lui, ne manque ni d’action, ni de rebondissements, du début à la fin.
Pourtant, malgré toutes ces qualités et le cœur qui semble avoir été mis à l’ouvrage, on ne peut s’empêcher de trouver le temps un peu long. Au final ce film ressemble à une longue tirade que les réalisateurs, focalisés sur la volonté de bien faire, finissent par réciter sans se tromper mais en oubliant de reprendre leur souffle et d’y mettre le ton. Ainsi, la régularité et le rythme finalement assez monocorde, presque scolaire, donnent au film un léger manque de relief. Une petite dose d’humour (au delà de l'ironie présente dans quelques répliques), un soupçon d’émotion et une musique entraînante auraient clairement fait la différence mais n’empêcheront pas les enfants d’apprécier.
Par Stéphanie - Le Blog du Cinéma