Tolérance zéro.
Sûrement motivé par le récent succès du premier "Alien", Peter Hyams se la joue ici Ridley Scott et tente de recréer l'ambiance enfumée et poisseuse du classique de la S-F, Jerry Goldsmith à la...
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le 2 nov. 2012
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En deux lignes :
Dans une petite ville minière à l’écart de tout, un marshal esseulé fait face à une affaire de corruption meurtrière. Mais dans l’espace personne ne vous entendra chanter.
En un peu plus :
Outland est un film contrarié.
Anecdotiquement tout d’abord, puisque son titre initial, Io, en référence à la lune de Jupiter où se déroule son intrigue, fut changé. De crainte que trop de gens ne croient qu’il se nommait 10. Question d’horaire, peut-être ? Nous y reviendrons.
Fondamentalement, ensuite. En effet, Peter Hyams raconte qu’il avait envisagé ce film comme un western, mais qu’on l’avait découragé de s’aventurer dans un genre qui était mort et pour lequel personne ne voudrait tourner.
« Je suis parvenu à la conclusion (manifestement après d’autres) que le western se portait comme un charme, mais dans l’espace intersidéral » se rappelle-t-il. Cette association peut paraître de prime abord curieuse à qui n’est pas passé, dans son adolescence, par les nombreuses déclinaisons du pulp, ces magazines bon marché nés dans les années 30. Il n’était certes pas rare d’y voir s’allier en un mariage pas toujours heureux, deux genres majeurs de ce medium : la science-fiction et le western. Ce mélange, qui pourrait de prime abord sembler aussi digeste que la légendaire morue aux fraises, est loin d’être aussi rare ou anodin qu’il y paraît. The Empire Strikes Back en manifeste sans doute l’exemple le plus populaire avec le personnage de Boba Fett qui doit beaucoup, selon Georges Lucas, à l’homme sans nom de Sergio Leone. Toujours dans la franchise Star Wars, la série The Mandalorian s’appuie à de nombreuses reprises sur cette parenté, qui se retrouve également dans d’autres monuments de la culture populaire, comme l’anime Cowboy Bebop, la série Firefly ou le jeu vidéo Fallout New Vegas.
Avec ce qui devint Outland, Peter Hyams souhaitait « écrire un film sur la Frontière. Pas par admiration ou goût de l’aventure. Pour écrire quelque chose sur des lieux comme Dodge City et la dureté de la vie à l’époque ». Pour un tel projet, une petite exploitation minière perdue dans cette ultime frontière qu’est l’espace offrait un décor tout à fait approprié et à même de séduire le public des deux premiers volets de Star Wars, de Battle Beyond the Stars ou d’Alien.
La trame d’Outland est construite à partir d’un western classique de 1952, High Noon. Dans ce film de Fred Zinnemann, un marshal qui vient de prendre sa retraite décide de rester à son poste pour faire face à quatre tueurs (parmi lesquels Lee Van Cleef). Dans les deux films, tous (adjoints, famille, amis, concitoyens) abandonnent le protagoniste face à la menace véhiculée par le prochain train (ou la navette spatiale en approche).
Là où chez Zinnemann, c’est la déliquescence morale de l’individu qui est pointée du doigt, Hadleyville pouvant être prise comme un échantillon représentatif de la société dans son ensemble, le propos d’Hyams est plus politique. Au travers de la CON-AM et du manager Sheppard, c’est un capitalisme déshumanisé par la course effrénée au profit qu’il dénonce. Aux hors-la-loi de Zinnemann se sont donc substitués les tueurs à gage d’une mégacorporation qui détruit sans hésitation toute opposition qu’elle ne peut acheter.
Ce n’est pas la Weyland-Yutani corp. que l’on prendrait à se livrer à de telles exactions !
Et en quelques images...
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Créée
le 24 nov. 2021
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