Avec Outrage Beyond, Kitano livre un Yakuza Eiga classique mais teinté de cette violence sèche qui lui est si caractéristique. Il n'est nul question pour lui de livrer un film spectaculaire, au contraire puisqu'il choisit de composer avec un schéma proche de la rigueur narrative d'un Fukasaku où l'intérêt premier de l'histoire est de décortiquer les guerres d'enjeux qui animent quelques familles de Yakuzas. Au menu donc, retournement de cerveaux en pagaille, exécutions sommaires sans état d'âme et code d'honneur inflexible à respecter. Tout ce qui fait, en somme, le plaisir des amateurs du genre, dont je fais partie.

On pourra toujours arguer que Kitano ne prend pas de risque en retournant à ce type de film même qui avait marqué la première moitié de sa filmographie. Mais peu nombreux sont les réalisateurs qui se frottent au genre sans en faire des caisses, sans oublier d'ancrer les affrontements que se livrent les tatoués nerveux s'agitant sous leurs objectifs dans un réel palpable. Dans Outrage Beyond, Kitano joue la carte de la sobriété mais ne manque pas d'inviter la violence à la fête, avec parcimonie, pour lui donner de la puissance. Il n'y a aucun voyeurisme, aucune envie d'esthétiser les mises à mort rendues nécessaires par ce petit jeu de pouvoir auquel jouent tous les personnages mais une seule quête de percussion, qu'il atteint indéniablement.

Il y a fort à parier que les aficionados du monsieur trouveront leur compte dans son dernier bébé. On est certes loin des pépites qui jalonnent sa filmographie, mais la sincérité qui ponctue Outrage Beyond n'est pas à remettre en cause. On y retrouve avec plaisir les thématiques chères au réalisateur et c'est avec grand plaisir que l'on retrouve sa ganache patibulaire, servant à nouveau un Yakuza au caractère bien trempé qui n'est la poupée de personne. Et puis, on retrouve surtout son sens acerbe de la mise en scène, celui qui parvient sans effort à vous crisper dans votre siège par une montée de violence sèche que vous n'attendiez pas.
oso
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le 24 mai 2014

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