Entre un début prometteur (le filmage dans les coursives du théâtre fait penser à Birdman) et une jolie fin, le nouveau film du touche-à-tout Edouard Baer souffre hélas de beaucoup de faiblesses. Terriblement nombriliste sans réellement prendre de recul sur son personnage : un directeur d'une salle parisienne, acculé à la veille d'une première mise en scène par un austère dramaturge japonais, le film pêche aussi par une piètre qualité des dialogues. L'humoriste tourne vite en rond dans une composition guère inédite, où il s'accorde avec beaucoup de complaisance et bien moins de dérision le beau rôle : celui d'un gentil mythomane affabulateur, toujours entouré de jolies filles, d'un optimisme forcé et d'un grand cœur en dépit de son égocentrisme. Probablement un ersatz de Jean-Michel Ribes, homme de gauche humaniste et beau parleur. Ici Louis rebaptisé Luigi (plus chic et exotique) dirige l'Etoile (et non le Rond-Point) et entame une longue dérive nocturne (et existentielle?) à la recherche d'un singe dans un Paris estival et branché avant d'atterrir dans un squat à Montreuil.
Si la photographie signée Yves Angelo singularise le projet, il n'en va hélas pas de même pour le scénario. Edouard Baer a incontestablement du talent, mais sans doute est-il plus supportable à dose homéopathique. Là on frise l'overdose et on lui conseillerait de songer à renouveler sa palette. On poursuivra d'ailleurs la comparaison initiale en ajoutant que Ouvert la nuit se révèle aussi fatigant et agaçant que le film de Iñarritu et qu'un des meilleurs films sur le sujet reste Tournée de Mathieu Amalric.