Roberto Rossellini est un cinéaste classique italien, auteur de quelques films parlant de l'Italie autour de la Seconde Guerre Mondiale. C'est aussi un réaliste, au même titre que De Sica, par exemple.
Païsa est considéré comme une de ces oeuvres les plus célèbres. Ce film est divisé en six minis-récit, à partir du débarquement américain en Italie jusqu'à la libération de certaines villes. Le fil conducteur étant plutôt l'avancée des troupes américaines dans le pays, liant le tout. C'est surtout prétexte à raconter des tranches de vie, des éléments qui dénotent de ce qu'était l'Italie pendant la guerre.
Le premier récit raconte l'arrivée d'un commando américain en Sicile. Ca raconte la rencontre entre les habitants locaux et les Américains et toutes les difficultés que cela suppose. C'est une histoire assez émouvante entre un G.I. et une jeune femme où ils vont tenter de sympathiser. Cela montre aussi les réticences de certains habitants, la peur de ces soldats car n'oublions pas que l'Italie s'est posée en alliée de l'Allemagne nazie. Derrière cette rencontre, la guerre et les soldats allemands ne sont jamais loin. Probablement l'un des meilleurs récits.
Le second décrit la rencontre entre un soldat noir et un enfant des rues. Ce dernier ose voler les chaussures du soldat lorsque ce dernier était saoul. Là aussi, c'est assez émouvant. Car le parallèle va vite être fait entre les conditions de vie difficiles du peuple italien pendant la guerre, avec la perte de proches et la misère dans laquelle ils vivent, et les conditions de vie des noirs américains qui n'étaient pas encore correctes à l'époque.
Le troisième épisode est de ceux qui raconte que les soldats américains pouvaient tomber amoureux de femmes italiennes, qu'ils risquent de ne plus revoir. Je considère ce segment comme raté, car assez ennuyeux d'une part et ensuite, hormis dire cela, je ne vois pas trop où le metteur en scène veut aller. D'autant que ça se termine assez mal et que Rossellini donne tous les indices pour que tout se termine bien mieux. Une fin en forme de twist qui ne correspond pas et qui fait un flop.
Le quatrième récit parle de la recherche d'une infirmière américaine. Elle essaie de retrouver un partisan italien (un résistant en quelque sorte). Les rôles sont inversés par rapport au précédent opus. C'est surtout l'occasion de montrer que tous les Italiens n'étaient pas avec les Allemands. Hormis cela, ça reste aussi assez creux.
Le cinquième épisode renoue enfin avec des choses intéressantes à évoquer. Trois soldats américains arrivent dans une sorte d'abbaye franciscaine. Il y a un révérend catholique, un pasteur et un juif. Tous opèrent pendant les combats pour donner le dernier sacrement à un blessé ou pour faire la messe. Les Franciscains sont plutôt déroutés face aux deux autres soldats, qui ne détiennent pas la vérité, et qui font fausse route sur le chemin de la foi. C'est humain et c'est plutôt réussi même si la fin du segment méritait aussi un peu mieux.
Enfin, le dernier épisode est celui des massacres perpétrés par les soldats allemands envers des prisonniers italiens ou américains. Roberto Rossellini essaie de ne pas être manichéen, présente le soldat allemand comme une personne normale et lors de l'exécution, on est assez loin de l'action et on ne voit pour ainsi dire pas les visages. C'est aussi le segment où il y a le plus d'action. Il est assez réussi.
Au final, on ne s'ennuie pas devant Païsa mais on constate tout de même que la réputation de ce film est un peu trop forte. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, tout au plus un bon film avec d'excellentes parties et d'autres beaucoup plus faibles. Les amateurs de films réalistes se doivent toutefois de le voir.