Les belges sont de gentils doux-dingues qui donnent régulièrement au cinéma de fabuleux ovnis tels que Dikkenek, Calvaire ou encore le film culte C'est arrivé près de chez vous. Pourtant en matière de folie créatrice , d'originalité et d'univers totalement décalé c'est bel et bien ce Panique au village de Stephane Aubier et Vincent Patar qui remporte haut la main la palme du cinéma hors normes. Panique au village est un film d'animation en stop motion qui utilise des jouets en plastique comme personnages, des figurines peintes à la main et souvent posées et figées sur un socle. Dans mon enfance on appelait ses personnages des petits soldats bien que n'étant pas fatalement des membres d'une quelconque armée, on retrouve donc ici des figures au combien emblématique des jouets de notre enfance avec les animaux de la ferme, le gendarme et le cowboy et l'indien.
Dans cette histoire totalement loufoque cowboy et indien ont décidés d'offrir un magnifique barbecue à construire soit même à leur ami Cheval, manque de bol suite à une erreur de saisie sur internet les deux pauvres amis se retrouvent avec 50 millions de briques alors qu'ils n'en voulaient pourtant que 50. Ce n'est alors que le début d'une aventures épique et délirante dans laquelle cowboy, indien et cheval croiseront des amphibiens voleurs de murs, un ours, des scientifiques cinglés, un robot pingouin, des vaches en parachute et bien d'autres.
Le film sonne comme un manifeste à l'enfance et à son imagination débridé tant les événements s'enchaînent en rebondissant sans cesse sur des péripéties qui en entrainent d'autres de plus en plus folles avec un effet de boule de neige dans lequel explose finalement la créativité sans limite des enfants. On a cette sensation euphorique et jubilatoire de regarder deux mômes nous raconter avec trois fois rien et une caisse pleine de jouets la plus extraordinairement dingue des histoires. Panique au village est tellement fou, imaginatif, loufoque, décalé, absurde, surréaliste, poétique qu'il replonge immédiatement le spectateur dans les bonheurs les plus primaires de l'enfance qui sont une forme d'insouciance et de liberté absolu à rêver sans la moindre limite. Le film de Aubier et Patar possède une identité unique, un univers si particulier qui fait que Panique au village ne ressemble à strictement rien de ce que l'animation nous a proposé ses dernières années et c'est donc très plaisant de se retrouver devant un univers aussi frais et original. Parfois totalement fou et hystérique le film avance comme un cheval au galop dopé par la musique de Dionysos et fonce tête baissé dans la logique loufoque interne de son récit. L'univers de Panique au Village est fait de bric et de brocs, de bouts de cartons, de jouets et d'éléments qui cohabitent au mépris des conventions, des échelles et de la logique. Les personnages qui hurlent et parlent souvent à toute vitesse son parfois presque incompréhensible restituant une forme d'urgence et de bouillonnement qui encore une fois tient beaucoup de l'enfance.
Drôle, fou, nostalgique, hystérique, débridé, poétique, original, déjanté, jubilatoire, surréaliste, imaginatif les adjectifs et les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce véritable petit bijou d'humour et d'inventivité. A peine terminé le film j'ai illico commander le DVD de la série car un tel bonheur qui vous colle une banane géante entre les deux oreilles on a fatalement envie de le retrouver très vite.