Ce film est un 'phantom ride', où le spectateur épouse un point de vue n'appartenant à personne en particulier, qui peut pour cette raison être considéré comme 'objectif'. L'action humaine peut y être un sujet d'attention, mais en traversant l'écran et non en fournissant un développement spécifique. Ce genre de séances était très prisé aux commencements du cinéma.
Méliès place son appareil sur le toit d'un wagon et donne à voir une minute de circulation. Il passe sous des ponts et par la gare de Bel Air de la ligne de la Petite Ceinture (fermée en 1934), le train étant lancé vers la ligne de Vincennes. Cette vue aérée détonne au milieu du bric-à-brac et des tours de magicien de Méliès, qui tournait la même année son Homme de têtes et La Lune à un mètre.
Cependant la proposition n'est originale que par rapport à Méliès. Son résultat est basique, monotone (ligne droite, les éléments se confondent, vue engloutie par le ciel) et complètement laminé par la version des Lumière (Panorama d'un tunnel en chemin de fer), diffusée en mai 1898 et probablement antérieure (ils se distinguaient déjà avec leur 'travelling' dans Panorama du grand canal dès 1896).
Un an plus tard George A.Smith mêlera (dans The Kiss in the Tunnel) le phantom ride à la construction d'un montage proposant des points de vue distincts (dans la perspective) et séparés (contrairement au split-screen, utilisé par Smith pour Santa Claus et par Méliès pour Évocation spirite) dans une même scène.
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