Lorsque j'ai reçu ma place pour voir Parasite j'étais content, un peu déçu d'en avoir qu'une et devoir y aller seul mais qu'importe.
Quand le lendemain le film de Boong Joon-Ho se voit gratifié de la palme d'or faisant la nique à Tarantino (même si j'y croyais pas), j'étais encore plus impatient de le découvrir.
J'étais déterminé à y aller tout seul, chose que je fais rarement surtout pour une cinexpérience, sans me douter un instant à quel point j'étais pas prêt.
Le bruit et l'odeur
Le film s'ouvre sur cette famille qui vit de façon précaire, sur une douce musique qui m'a fait tout de suite penser "ok je le sens très bien".
Je ne sais par où commencer tellement il y'a dire sur ce film, mais je ne spoilerai pas vu qu'il n'est pas encore sorti.
Je n'avais vu aucune bande annonce, le pitch n'annonçait pas quelque chose d'exceptionnel mais j'attendais le réalisateur au tournant, j'ai bien apprécié la majorité de ses films et j'avais hâte de découvrir son nouveau bijou.
Le sujet m'a tout de suite parlé, je me suis rapidement identifié à cette famille dans le besoin, non pas que je puisse prétendre avoir vécu des situations similaires, mais je me considère comme venant d'un milieu modeste, il y'a eu des hauts et des bas comme pour beaucoup je pense.
Ce que j'ai apprécié c'est cette solidarité familiale, ils ne se lamentent jamais et font le maximum pour s'en sortir, faisant petits boulots, système D et petites combines toujours avec le sourire.
Globalement la première heure est une très bonne comédie doublée d'une satire sociale qui fonctionne bien, mais j'avais peur que ça ne soit que ça, même si clairement juste la première heure est plus brillante qu'un millier de comédies françaises ou américaines qui sortent chaque année.
Au moment où je commençais à me demander si le film n'allait pas perdre en vitalité et en percussion je reçois un coup de massue en pleine tête, de la comédie un peu noire on bascule vers un autre genre de films, le thriller psychologique.
Boong Joon-Ho sort une nouvelle carte de son jeu et rafle tout avec.
Si j'avais véritablement adoré la première heure, la deuxième m'a mis dans une PLS comme rarement, c'est pas si souvent que je pleure devant un film mais là c'est sorti naturellement et sans même trop comprendre pour quoi. Le film et la fin m'ont terrassé, j'avais envie de crier ma satisfaction devant ce film et d'applaudir à tout rompre mais mon corps répondait à moitié. Dans le genre grosse claque prise au cinéma celle ci est sponsorisée par Saitama.
Chaque plan du film est superbe, le jeu des couleurs est nickel, les acteurs sont authentiques et je me suis attaché à tous les personnages, la musique est excellente, bref je pense que le message est assez clair, je n'ai pas trouvé de défauts au film, les deux heures et quelques sont passées à la vitesse du son et je ne voulais pas que le film s'arrête. Ce qui est encore plus génial c'est qu'il s'arrête sur une fin parfaite, j'avais tellement peur qu'il se foire sur la fin mais non c'est maîtrisé jusqu'au bout.
Parasite décrit avec un réalisme saisissant la misère et la richesse, sans jamais basculer dans des facilités ou dans des clichés, les deux familles représentent leurs situations avec leurs qualités et défauts.
Je me suis toujours plus reconnu chez les gens en mauvaise situation financière que chez les riches, je trouve qu'il y'a plus d'humanité, de générosité et de solidarité en eux, on a peu mais on le partage c'est normal, c'est peut-être pour ça que le film m'a autant touché...
La famille Park représente des personnes aisées qui n'ont aucune idée de ce que peut traverser une famille comme les Ki-Taek, ils ne sont pas méchants mais vivent dans un monde trop parfait pour se rendre compte des gros problèmes de pauvreté. Tout contraste entre les deux familles mais malgré ça elles ont un point commun qui reste l'amour de la famille.
Boong Joon-Ho signe ici pour le film de l'année, je ne pense pas que je verrai mieux après Parasite même si nous sommes seulement à la moitié de 2019. J'ai déjà hâte de le revoir et de pouvoir apprécier chaque détail minutieusement, j'ai rarement vu un film qui arrive à traiter autant de sujets tout en alternant comédie et drame avec aucun reproche à faire sur la technique. Chapeau bas et merci pour ce chef d'œuvre.
La misère est si belle et parfaite dans Parasite pour répondre à la question de mon titre, et ceux que l'on considère comme des cafards ne sont que des hommes, avec des forces et des faiblesses humaines.
Ma note: 10 gâteaux d'anniversaire à la crème/10.
PS: Je dédicace cette critique à mon père qui ne la lira probablement jamais, trop occupé à charbonner 7 jours sur 7, juste pour le remercier de tout ce qu'il a fait pour que ma mère, mes sœurs et moi vivions toujours bien. Inch'allah pour le loto personne le mérite plus que toi.