ATTENTION : Critique contenant des spoilers !
Après avoir réalisé Snowpiercer et Okja que j’ai vu et dont la qualité n’en est pas en reste, Bong Joon-ho est de retour avec Parasite dont il est le premier film coréen à décrocher la Palme d’Or à Cannes. De ce fait, il était pour moi une obligation à le voir, et quel spectacle !
Bong Joon-ho nous plonge dans une histoire terrifiante de lutte des classes où riches et pauvres peuvent difficilement coexister, où les rapports sociaux entre les classes sont inopérants. A travers le fils d’une famille très pauvre qui va se faire embaucher par une famille riche pour donner des cours d’anglais à leur fille, de là, toute la famille va s’intéresser au train de vie de cette famille et c’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne.
Le scénario est très bien écrit et est plus subtil qu’il n’y parait. On passe d’une comédie, a un thriller sans que cela ne soit dérangeant, les dialogues sont pertinents et forts. Ce film est fluide, le rythme captive sans aucune interruption. Le film prend des tournures parfois inattendues qu’on n’aurait pas anticiper et on ne ressent aucune longueur.
Les acteurs et leur prestation frôle la perfection et on s’attache à chacun d’eux qu’ils soient avenants ou pas, stupide ou intelligent, sombre ou souriant. Et quel plaisir de revoir le génialissime Song Kang-Ho (Le père de la famille pauvre) à l’écran depuis Snowpiercer et The Age of Shadows. Cet acteur à une prestance qu’il lui est propre, il porte ses personnages avec brio. Cette famille soudée jusqu’au bout qui n’hésite pas à faire tout ce qu’ils peuvent pour rester uni et aider les siens. Ça force l’admiration.
D’autant plus, qu’ajouté a cela, la réalisation et la mise en scène est juste exceptionnelle. Les décors sont somptueux, les prise de camera sont fascinante et sont utilisés à la perfection. En effet, pour montrer le gigantisme et la propreté de la famille riche, il utilise des plans larges et droit avec un cadre posé et un travail sur la lumière très clair et coloré. A l’inverse, pour la famille pauvre il utilise des plans très resserré et en plongée pour accentuer la pauvreté de la famille pauvre. La lumière est très sombre et la caméra se perd et bouge pour souligner le cadre très bordélique de l’endroit.
Le réalisateur nous offre ici encore une critique forte sur les différences entre classes sociales, critique je dirai cher à Bong Joon-Ho vu qu’on retrouve également ce thème de lutte des classes dans le Snowpiercer. Toute cette psychologie humaine qui tend vers de l’horreur cher à toute la filmographie du réalisateur fait de ses films une sorte de marque de fabrique très identifiable et qui fonctionne toujours autant.
Il y a toute une imagerie derrière le titre « Parasite ». En effet, on remarque souvent des bestioles genre cafards dans tous les milieux un peu pauvres alors qu’ils ne sont pas présents dans la maison de la famille Park. Le nom Parasite qui découle d’une sorte de peste, maladie qu’est la pauvreté qui pourrait se propager et qu’on ne pourrait finalement pas s’en séparée une fois atteinte. L’affiche du film positionne tous les personnages alignés comme sur une photo de classe avec un bandeau rectangle noir au niveau des yeux pour souligner sans doute que cette pauvreté peut toucher n’importe qui et que surtout, un parasite se cache souvent, personne ne le voit vraiment et personne ne sait vraiment si s’en ait un. Et le film joue beaucoup sur ça puisque bien souvent, durant une interaction de personnages durant une scène, on est automatiquement attiré par ce qu’il se trouve au fond du cadre. Comme par exemple dans plusieurs scènes se passant dans la cuisine, notre regard se dirige à chaque fois sur la petite porte au fond qui descend dans la cave, et quand bien même il ne se passerait rien.
Cette différence entre riches et pauvres est également illustré avec les escaliers. On remarque que la manière de filmer les personnages quand ils utilisent les escaliers n’est pas la même.
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Pendant l’inondation, la famille pauvre qui descend les escaliers sous la pluie et au même moment la famille riche qui les montent à l’abri. Des plans percutant vu que c’est à ce moment là où la famille pauvre commence à décliner et à perdre leurs avre de paix et de richesses qu’ils avaient encore 5 minutes avant en logeant chez les riches.
En réalité, Bong Joon-ho réussit à combiner avec brio film d’auteur et film grand public. A cela où s’ajoute un scénario puissant, avec une critique sociale poignante et une mise en scène impeccable donne tout à ce film pour être un chef d’œuvre. Je suis soulagé et en même temps terrifié de voir que c’est pour le moment le seul film de l’année 2019 qui m’a transporté, que j’ai vraiment aimé. Je pensais que c’était dû sans doute à mes exigences trop fortes, peut être que je ne ressentais plus rien pour un film ou une série mais finalement non et la preuve avec Parasite. C’est d’autant plus triste parce que je sens que le cinéma est peut-être dans une mauvaise passe actuellement. Toujours est-il que je suis définitivement toujours autant amoureux du cinéma coréen. Palme d’or amplement mérité.
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