L'Algérie et son cinéma ne se portent pas au mieux, la production de films y est rare et reste regardée à la loupe par un pouvoir qui supporte mal les discours déviants. C'est avec curiosité et intérêt qu'on suit alors la sortie de tout long-métrage, produit par ce pays dont on ne sait toujours pas s'il est vraiment ami ou non. Parfums d'Alger devient alors une vraie surprise, puisque produit par les services culturels algériens et abordant de front les problèmes actuels du pays: terrorisme et corruption.
Parfums d'Alger et un film plein de maladresses c'est vrai, il souffre d'un doublage français absolument catastrophique à peine digne d'une télé novela, mais rattrapé de justesse par des dialogues en Arabe nombreux et qui donnent au film une authenticité bienvenue. Si la narration voulue par Rachid Benhadj (Touchia, Mirca) manque parfois de liant, il n'en reste pas moins que la sincérité du réalisateur, son absence de tabou sur l'état de son pays, font de son film un témoignage fort et poignant sur un pays pris entre le modernisme occidental et l'obscurantisme islamiste. Un pays qui parait presque anarchique, lorsque ces deux tendances se retrouvent à s'affronter, un pays où le danger existe bel est bien lorsqu'on n'a pas en tête les bonnes idées.
Un pays magnifique cependant, d'une beauté époustouflante et ça, Rachid Benhadj sait le rendre avec brio. Sa caméra fait beaucoup mieux que n'importe quelle émission du Lonely Planet, il aime son pays et sa caméra transpire cet amour pour une perle de la méditerranée. Qu'il s'agisse de filmer le Sahara ou la campagne algérienne, les paysages sont stupéfiants, les couleurs sont chaudes et la paix semblent destinée à y régner un jour. Les plans, les zooms et lents travellings prennent le temps de faire découvrir chaque rocher, chaque olivier comme dans une lente contemplation.
On aimerait pouvoir en dire autant des acteurs, parler de cette même qualité. Ils sont bons dans l'ensemble, réellement. Mais il reste effectivement ce doublage, absolument épouvantable, un des plus mauvais qu'on a pu entendre. Il n'est pas désynchronisé, il sonne juste totalement faux la plupart du temps. Ce n'est parfois qu'un détail mais, à ce stade, il devient un handicap lourd qui nuit réellement à la qualité de l'interprétation. Passer outre de piètre doublage est possible, mais difficile car les acteurs que sont Mounica Gurritore (La Bella Gente) ou même Adel Djafri, s'ils sont bons, ne le sont pas assez pour faire oublier ce doublage.
Parfums d'Alger marque par la rareté du cinéma algérien, il marque par le fait que des productions de cette importance y sont devenues une vraie exception, il marque par un dénouement qui, bien que plein d'espoir, n'en demeure pas moins sans concession. Car si le film est difficile tout du long, la fin est une véritable tragédie où la violence et l'inhumanité explosent dans un flot de bêtise (bien humaine celle-là) où se mêlent la religion, la corruption et l'ambigüité de l'attitude des forces de l'ordre par rapport aux islamistes. Parfums d'Alger est donc à voir, un peu pour ce qu'il représente, un peu pour ce qu'il raconte…
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