La philosophie est l’art sans cesse répété de tout questionner.

Un prof de philo parisien et une coiffeuse peuvent-ils construire une histoire d’amour ?

Doit-on considérer que c’est à la lectrice de Voici et d’Anna Gavalda de s’élever vers Kant et Dostoievski, ou à l’amateur d’opéra de se lâcher sur Life is Life et de s’initier au karaoké dans une boîte d’Arras ?

Peut-on séparer les propos insipides des lèvres qui les formulent, l’esprit d’un corps qu’on désire ?

Peut-on raisonnablement penser qu’en 2014, on ne google pas son nouveau boy friend pour découvrir que c’est un philosophe de renom qui a publié un livre sur l’amour charnel surpassant celui de l’esprit, indice somme toute compromettant pour toute relation future ?

Peut-on croire que cette relation tienne à ce point au prof, qui semble aussi charnel qu’un parpaing et plus émoustillé par son écriture sur l’éros que sa pratique ?

Doit-on attribuer le jeu pénible d’Emilie Dequenne à son personnage, à son manque de talent ou à une écriture forcée qui ferait d’elle une insouciante TRES TRES heureuse qui chante tout le temps, aime le bus, son HLM et la vie de Jennifer Anniston ?

Doit-on considérer comme volontaires ces dialogues figés et didactiques pour exprimer l’impossible osmose et relâchement d’un couple qui ne pourra jamais s’assortir complètement ?

Les échanges sur la philosophie ou le prof explique que Steinbeck écrit comme elle coiffe ou qu’elle est kantienne sans le savoir sont-ils une ébauche naïve d’une tentative de fusion vue avec lucidité par le cinéaste ou des cours du Monde de Sophie déguisés à l’intention du spectateur qui n’en demandait pas tant ?

Peut-on considérer que ce sujet était réellement porteur et qu’il n’aboutit ici à rien de véritable, embourbé dans des non-dits qui ne disent rien et une romance finalement bien mièvre ?

Et pour finir, peut-on raisonnablement accorder quelque crédit que ce soit à ce final en dépit du bon sens ?

Vous avez 4 heures.
Sergent_Pepper
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le 2 juin 2014

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Sergent_Pepper

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