Bonheur triste
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Synopsis
Clément (Loïc Corbery), jeune professeur de philosophie parisien, se trouve muté à Arras pour un an. Pour lui, cela s'apparente à un bannissement. Parisien dans l’âme, il y a toutes ses connaissances (dont pas mal d’ex), ses habitudes (il prend son café "Aux Deux Magots"), ses parents, des intellectuels comme lui (sa mère est médecin, son père ambassadeur).
A Arras, où il a pris une chambre d’hôtel, ses collègues ont beau être attentionnés et sympathiques, il se sent en exil et n’attend que la fin de ses cours pour regagner Paris.
Jusqu'au jour où il entre par hasard dans un salon de coiffure pour se faire couper les cheveux et tombe sous le charme d’une jolie coiffeuse, Jennifer (Emilie Dequenne). Jennifer respire l'amour de la vie : gaie et enjouée, elle prend plaisir à son quotidien pourtant assez terne et voit toujours le bon côté des choses.
Le coup de foudre est immédiat entre ces deux personnalités que tout sépare. Mais Jennifer, dont on comprend qu’elle a eu beaucoup de revers amoureux et ne cherche pas une aventure de plus, rechigne à répondre aux avances de Clément.
Cependant, l'attirance est la plus forte et Clément et Jennifer se lancent dans une liaison passionnée. Et même si Jennifer "n'est pas son genre", on se prend à espérer que, chacun faisant un pas vers l'autre, ils vont pouvoir s'entendre malgré leurs différences : Clément est intrinsèquement un intellectuel, passionné de philosophie et reconnu par ses pairs (il vient même de publier un livre chez un grand éditeur parisien et en prépare un autre), même s'il n’a aucune morgue ni aucune pédanterie. Il n’essaie pas d'impressionner Jennifer, et c’est peut-être là son erreur. La vie de Jennifer est rythmée par son fils, un garçonnet de 7-8 ans, qu’elle adore, par son travail au salon de coiffure, par les soirées karaoké avec ses deux copines. Elle n’a pas la moindre culture et, à part celle des magazines «people » qu'elle lit assidûment, sa seule lecture est celle d’Anna Gavalda qu'elle considère comme un grand écrivain. A contrario, Clément, lui, a pour livres de chevet Hegel et Kant et il écrit un second livre après en avoir publié un précédent.
Mais Jennifer est loin d’être idiote. C'est une fille honnête, travailleuse, qui a un joli intérieur et qui aime la vie. Elle ne se laisse pas rebuter par le premier livre que lui offre Clément, Dostoievsky, et le lit jusqu'au bout "même si elle ne comprend pas tout". Après l'amour, Clément lui fait la lecture : Balzac, Zola, etc. et elle se délecte de l'entendre lire. En contrepartie, elle l’entraîne dans une de ses soirées karaoké où il fait bonne figure sans perdre de sa gaucherie.
Mais tout dérape quand Jennifer, entrée dans une librairie pour acheter son livre favori (Anna Gavalda° afin de l’offrir à Clément, tombe sur une pile de livres de son amant, publié chez un grand éditeur parisien. Elle comprend alors que le fossé entre eux est trop grand et préfère le quitter avant que leur histoire d’amour n’aille plus loin.
Mon opinion
On aimerait que cette jolie histoire d'amour entre deux jeunes amants qui ont cependant été cabossés par la vie, se termine bien mais on sait, dès le début que, malgré sa fraîcheur, sans aucun sous-entendu, elle n'ira pas très loin.
Je ne connaissais pas encore Emilie Dequenne. Elle sait donner à son personnage léger une certaine profondeur et même une certaine dureté. Loïc Corbery est à son aise dans le rôle d'un intellectuel sûr de lui lorsqu'il s'agit de ses convictions mais nettement moins lorsqu'il s'agit d'assumer son amour et ses sentiments.
Le réalisateur filme cette histoire avec tendresse et finesse, n'hésitant pas à nous surprendre avec des scènes énergiques comme celle du karaoké où Jennifer entraîne Clément. Ces scènes sont les plus plaisantes et les plus fraîches du film. Un bravo tout particulier à Sandra Nkake qui, en plus d'être une très belle femme, est une chanteuse magnifique. Je suis sûr qu'elle ferait merveille si elle reprenait le tube de Grace Jones "I've seen this face before".
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Créée
le 10 juin 2016
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