Passion d'amour (Passione d’amore) est un très bon drame romanesque et gothique italien réalisé par Ettore Scola, coécrit par Ruggero Maccari, qui est tiré de Fosca, le plus célèbre roman de Iginio Ugo Tarchetti, paru sous la forme d’un feuilleton dans la revue Il pungolo en 1869 et publié dans un volume la même année.... Ce très bon film romanesque met en scéne Giorgio Biachetti (joué par Bernard Giraudeau) un jeune militaire de carrière qui a pour maitresse Clara (jouée par Laura Antonelli... qui est toujours aussi sublime), une femme pleine de beauté avec laquelle il entretient une histoire d'amour tendre (même si Clara est mariée à un employé de l'administration)... avant d'être promu au grade de capitaine dans une nouvelle affectation sous les ordres d'un colonel (joué par Massimo Girotti) qui pour cousine une certaine Fosca (jouée par un impressionnante Valeria D'Obici) une jeune femme au physique très difficile qui est décrite par le médecin Major (joué par l'excellent Jean-Louis Trintignant) comme «La maladie personnifiée », « L'hystérie faite femme » et le « Miracle vivant du système nerveux »... Fosca est l'un des romans les plus représentatifs de Scapigliatura, ce mouvement littéraire contestataire du nord de l’Italie autour des années 1860... lequel été édité chez Plon en 1981... Le film, fidèle au livre dans l'ensemble, en modifie la fin, dont il accentue l'effet dramatique... Plus encore qu'une réflexion sur la beauté et l'amour, livre et film décortiquent le mécanisme de la passion... Jouée intensément par l'actrice Valeria D'Obici (qui est très jolie en réalité...) laquelle a obtenu le prix David di Donatello de la meilleure actrice pour ce rôle... dont Ettore Scola lui a fait un physique très ingrat qui fait penser a Max Schreck dans Nosferatu... sur une très belle musique composée par Armando Trovajoli... ce film raconte l’impossible place faite aux femmes dans l’Europe de la fin du XIXème... et le cinéaste s’appliquent à faire avec minutie, mais en « négatif » le portrait de la femme moderne vu par des hommes.... et comme l’écrivain, il fait la description du surgissement d’un être différent, sexuée, rebelle, indomptée, qui parle et qui désire... et sous une forme paradoxale et extrême, il fait de la description de l’hystérie telle que l’ont observée à la même époque Charcot, Breuer et Freud... Enfin bref, Ettore Scola signe un film sur « la pitié dangereuse », la cruauté de l’altruisme et la faillite de l’idéal romantique.