Paternel interroge avec subtilité le célibat des prêtres non de manière polémique et frontale mais en préférant le détour sensible : nul scandale ici, sinon une relation consommée avant l’ordination qui donne lieu à un fils confié jusqu’alors exclusivement à la mère, sans que le père en soit informé. La crise que traverse alors Simon prend l’aspect d’un doute long et progressif qui relève tout autant de la morale que de la foi, dessinant les contours de deux fonctions complémentaires en apparence mais inconciliables dans les usages catholiques. La notion de vocation se situe au cœur du long métrage : le père a été appelé par le Seigneur et tire de Lui son engagement ; il redouble ensuite cette paternité symbolique par une paternité véritable qui le conduit à répondre à l’appel d’une femme et de son fils. La caméra compose de magnifiques portraits de personnages saisis dans leurs hésitations et dans les aveux de leur corps respectif, en témoigne la seconde scène de confession entre Simon et une jeune adolescente durant laquelle le premier ne sait quoi répondre et reste béat. Les acteurs sont remarquables, en particulier Grégory Gadebois et le jeune Anton Alluin qui signent, par leur complicité, les plus belles séquences d’un drame puissant et intelligent.