Il ne manquait que ce troisième type au duo
Après avoir maté du zombie (Shaun of the Dead) et mené une enquête policière des plus bizarroïdes (Hot Fuzz !), le tout avec un humour décalé qui en fait que parodier les genres auxquels s’inspirent ces films, le duo Simon Pegg / Nick Frost se reforme sur grand écran pour la 3ème fois (en tout cas à l’époque, parce qu’aujourd’hui, il y a eu le Tintin de Spielberg et la comédie Le dernier pub avant la fin du monde) avec Paul. S’aventurant cette fois-ci dans le registre de la science-fiction et de la culture geek. Une nouvelle recette qui fait mouche ?
À quel genre de comédie faut-il s’attendre avec Pegg et Frost ? À de la parodie. Mais attention, pas à de la parodie lourdingue du style Scary Movie, Spartatouille et consort, qui use de l’humour gras déplorable auquel on est toutefois obligé de sourire. Mais plutôt à une comédie de références amplement travaillée, qui arrive à sa manière de mettre en avant tous les clichés du genre choisi (le film de zombie pour Shaun of the Dead, le polar pour Hot Fuzz !) pour en faire un atout comique qui flirte plus avec la débilité rafraîchissante que le fameux caca-prout typiques des films américains. Non, avec Pegg et Frost, c’est de la parodie gentillette à côté, mais avec bien plus de puissance ! Pour Paul, cela se montre même un peu trop gnangnan à côté de ses deux prédécesseurs.
Et pour cause, l’humour de Paul n’est pas vraiment ravageur. Il faut dire que l’on en attendait pas mal de la part de nos deux geeks du moment, partie en voyage vers la fameuse zone 51, et qui vont croiser la route d’un extra-terrestre qui fuit les fédéraux, tissant avec ce dernier des liens amicaux très forts. On pouvait donc se permettre d’attendre bon nombre de parodies basées sur la science-fiction, notamment avec ces deux héros malgré eux, geeks jusqu’aux orteils. Mais le film Paul décide de n’être seulement qu’une sorte dommage à cette culture mis en valeur récemment par la série The Big Bang Theory, permettant au passage de livrer tout un tas de références au cinéma de la SF. Et je peux vous dire que la liste est longue : Men in Black, The X-Files, Star Wars, E.T. l’Extra-terrestre, Rencontres du Troisième Type, Total Recall, Titanic (??)… Sans oublier les éternels clichés des vieux films des années 50 : alien au petit corps et grosse tête, on parle de sonde anale, de dissection du cerveau… Bref, tout y passe ! Et ce n’est malheureusement en intégrant au récit un personnage féminin adepte de la religion qui va voir ses croyances bouleversées par la vision de ce petit homme gris qu’est Paul qui apporte quelque chose de fendard à se mettre sous la dent.
Mais attention, je ne dis pas que Paul est un film loupé ! Juste qu’il est décevant de ne pas être aussi drôle que Hot Fuzz ! et Shaun of the Dead. Non, Paul assure tout de même le spectacle pour être divertissant et rigolo. Notamment via le personnage éponyme : un être venu d’ailleurs qui se trouve être moins coincé que les deux pieds nickelés qu’il rencontre sur son chemin. Et franchement, voir deux geeks un peu trop coincés en compagnie d’un extra-terrestre qui fume, drague, parle de plans cul, balance naturellement des jurons, critique la religion parce qu’il existe et apprend la vie à ses compères, c’est amplement suffisant pour amuser ! Surtout avec quelques idées intéressantes (Paul étant au téléphone avec Steven Spielberg pour lui donner des conseils pour le scénario d’E.T. l’Extra-terrestre, Paul ayant inventer le personnage de Fox Mulder pour la série The X-Files…) et des antagonistes impayables (trois fédéraux en costard-cravate noir, dont le chef, à cheval sur les principes, et ses deux lieutenants, véritables débiles profonds). Rien que pour ça, Paul vaut le détour !
Sans compter que, contrairement aux parodies intitulées Scary Movie and co, le casting n’en fait jamais des tonnes ! Même si chacun des protagonistes est une caricature purement excessive, aucun des comédiens ne dépasse les limites du surjeu. Bref, tous s’amusent, à leur manière ! À commencer par le duo Simon Pegg / Nick Frost, qui fait toujours des étincelles. Surtout avec de tels acteurs qui arrivent à se faufiler aisément dans la peau de personnages amplement différents à chaque fois (souvenez-vous du sérieux de Pegg dans Hot Fuzz !). Jason Bateman, avec son côté hautain et professionnel ennuyeux, convainc. Quant à Kristen Wiig, elle se lâche complètement pour se mettre au niveau de Pegg / Frost pour ce qui est de la « coincerie attitude ». Et grand atout étonnant pour ce qui est la de la VF du film, c’est Philippe Manœuvre en tant que doubleur de Paul. L’ancien juré de la Nouvelle Star (maintenant, il n’est connu que pour ça…) offre sa répartie et son ton difficile à imiter à l’extra-terrestre, lui donnant un charme vocal fou qui lui va à merveille. Bon trouvaille, franchement ! Ah oui, et j’oubliais aussi une apparition ! Celle de Sigourney Weaver (référence à la saga Alien, du coup !) en guest star, bien pensée et qui apporte une fantaisie de plus à l’ensemble.
Ayant démarré de manière négative cette critique, je vais conclure en résumant les faits. Paul n’est pas aussi drôle que Hot Fuzz ! et Shaun of the Dead, qui avaient déjà mis la barre déjà assez haute. Il n’empêche, Paul a suffisant d’atouts pour assurer le spectacle et fournir ce pour quoi il a été fait : amuser et faire rire tout en rendant hommage à la culture geek. Prouvant qu’une comédie avec Simon Pegg et Nick Frost vaut le détour quoiqu’il arrive. Mais ce qui serait génial, c’est d’avoir un nouveau film avec où le duo referait équipe avec Paul, l’extra-terrestre étant tout simplement réussi (même visuellement, les effets numériques n’en mettant pas la vue sans pour autant être dégueulasse pour la rétine). Ou même un spin-off sur ce personnage venu d’ailleurs, qui sait !