Avec Paul, j'ai encore eu un problème avec la bande-annonce.
Encore ?
Encore.
Tout comme celle de Monster était à la limite du mensonger, celle de Paul est complètement à côté de la plaque.
J'étais convaincue que j'allais me taper 1h 42 de film à base d'alien qui pète, qui rote, qui montre ses fesses en sortant des chapelets d'insultes et de vulgarité.
Je n'aime pas Scary Movie parce que je trouve ça grossier (dans tous les sens du terme) et dépourvu d'intérêt, alors forcément, j'avais du mal à m'enthousiasmer pour Paul.
Mais au générique, il y a Simon Pegg et Nick Frost, les deux déjantés de Spaced, Shaun of the Dead et Hot Fuzz.
Et Shaun of the Dead reste pour moi un super souvenir à base de barre de rire et de dreadlocks avec mon pote Geyser.
Et on ne refuse pas une bonne partie de rigolade en puissance.
De ce point de vue, Paul tient ses promesses : je me suis surprise plusieurs fois en train de sourire, sans qu'aucune vanne à l'écran ne puisse l'expliquer.
Il est évident que le réalisateur aime les geeks, les anciens modèles, ceux qui se passionnent pour la science-fiction et plus généralement pour les univers imaginaires. Mais sans tomber dans le prosélytisme.
Vu par Mottola, les « vieux » geeks sont un peu ringards, pas tellement adaptés à la société, limites un peu con-con voir totalement régressifs parfois, il verse cependant un peu dans l'angélisme : les geeks sont gentils et solidaires par nature (ce qui est faux parce que j'en connais des vraiment très cons. 'fin bref).
D'un point de vue scénaristique, Paul est un road movie plutôt classique, et assez bien réalisé avec des personnages sont humains et crédibles, rongés par les doutes et plein de défauts mais sans jamais tomber dans le pathos et le mélo.
Peut-être parce que ce sont Simon Pegg et Nick Frost, themselves, qui sont à l'orgine du scénario ; bonne explication à la réussite de ce « virage américain » diront certains.
Alors qu'en fait, que nenni, les aventures de nos deux rosbifs ont beau se passer chez les yankees (au pays de la comicon et de la zone 51), il n'y a que le décor qui vienne de chez l'oncle Sam. Paul est un produit franco-anglais, et comme souvent lors de ces alliances contre nature, le résultat est très sympa.
Paul, le petit alien parfois trop humain, est magnifiquement animé et très vite on oublie son aspect « image de synthèse », entre autre parce que son doubleur, Seth Rogen, le rend tangible, réel et presque « familial» dans le bon sens du terme.
Paul est un film agréable, qui, comme Shaun of the Dead ne sera jamais considéré comme un « grand film » mais comme un film clé pour certains. Bourré de références cinématographiques, culturelles et artistiques, Paul est un vrai plaisir pour les zygomatiques mais aussi pour l'esprit. La vulgarité et les grossièretés sont réparties « intelligemment » dans le film et à moins d'être un évolutionniste fervent ou un religieux extrémiste, ce n'est pas plus choquant que les insanités qu'on sort au quotidien.
Paul n'évite cependant pas quelques maladresses, dans la forme (les chapelets d'insultes sortis par Ruth (Kristen Wiigcomme) expression de sa nouvelle liberté intellectuelle) mais aussi dans le fond (la science qui rend la vue à ces aveugles d'extrémistes religieux).
Une fois qu'on en a pris son parti, on aime d'autant plus Paul, ses potes et la guest de fin (no spoil) que le film ne se prend pas au sérieux, sans cependant prendre son spectateur pour un crétin (contrairement à ce que laissait présager la bande annonce). Léger et frais, à consommer sans modération, et même à revoir plusieurs fois pour profiter de toutes les références glissées ici et là, et qu'on ne peut évidemment pas toutes repérer à la première vision !