Tim Burton's First Adventure
Premier long-métrage de Tim Burton et sans doute le moins connu (même de la plupart de ses fans les plus aguerris), Pee-Wee’s Big Adventure est l’adaptation ciné d’une émission pour enfants (The Pee-Wee Herman Show) qui mettait en vedette un personnage de fiction créé par Paul Reubens, sorte de Mr. Bean américain. Premiers pas donc pour le réalisateur sur le grand écran, à qui l’on doit déjà deux bijoux de courts-métrages que sont Vincent et Frankenweenie. Ce passage est-il à la hauteur de l’artiste que nous connaissons aujourd’hui ?
Pee-Wee, un adulte qui ressemble à un enfant, s'apprête à passer une belle journée avec l'amour de sa vie : sa bicyclette. Mais cet objet vient d'être volé par le méchant Francis. Pee-Wee part à la recherche de son amour perdu et nous entraîne dans des aventures de plus en plus burlesques.
Digne d’un film mettant en scène Bean : une idée de départ respectant le personnage et son univers (ici, son amour pour son vélo qui, pour des gosses, en jette, il faut le dire !) servant de prétexte bidon à un enchaînement sans fin de gags et autres situations burlesques sans réel lien. Voilà ce qu’est Pee-Wee’s Big Adventure ! Une espèce de road movie pour enfants, sans histoire ni personnages travaillés, qui n’est là que pour prolonger le plaisir de revoir cet adulte enfantin. Pour les fans, c’est une véritable réussite ! Pour les autres, et bien, cela reste une perte de temps à peine drôle, qui ne fait que rarement sourire. En clair, pour voir Pee-Wee, il faut retrouver son âme d’enfant à l’extrême ! Certains disent que ce film met en valeur une certaine société américaine. Moi je remarque plutôt qu’il ne s’agit de gros clichés mis en avant pour rendre cette Grosse Aventure plus délirante (des cow-boys au Texas, des motards farouches finalement au grand cœur, un tueur à l’allure psychopathe, une voyante arnaqueuse, les studios de production…).
Du côté des acteurs, je ne dirai pas grand-chose. Juste que c’est surjoué mais cela s’accorde entièrement avec l’univers loufoque qui nous est présenté. Et il faut bien admettre que Paul Reubens s’amuse comme un petit fou dans la peau de Pee-Wee (en même temps, c’est sa création !), et ce même si les incessantes crises de rires de son personnages peuvent facilement agacer. En effet, ce dernier pousse un beuglement de gamin environ toutes les 20 secondes, sur une durée d’1h30 !!
Mais en tant que fan de Tim Burton, c’est plutôt du côté technique qu’il faut regarder ce film. Et même si Pee-Wee’s Big Adventure restera pour moi le long-métrage le moins réussi de sa filmographie, il faut bien reconnaître que le réalisateur imposait déjà sa marque visuelle ! Un fait qui se vérifie avec plusieurs détails, plusieurs scènes. À commencer par la séquence d’ouverture, où l’on découvre une maison remplis d’inventions et autres objets foldingues, que l’on retrouvera plus tard dans Edward aux Mais d’Argent ou encore Charlie et la Chocolaterie. Des effets spéciaux en stop motion, dont Tim Burton en est l’un des plus grands maîtres (dans Beetlejuice et Batman, sans compter Vincent, L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres et le Frankenweenie de 2012), pour animer les quelques cauchemars de Pee-Wee (notamment celui où l’on voit une statue de t-rex s’animer). Et enfin, il n’y a que Tim Burton pour filmer la folie enfantine et visuelle de telle manière ! Folie qui se reverra sans conteste dans Beetlejuice, Edward aux Mains d’Argent, Mars Attacks !, Charlie et la Chocolaterie, Big Fish (la poésie en plus) et les séquences du Joker dans Batman. Bref, Pee-Wee’s Big Adventure est un pur produit Burton, également animé par la musique si caractéristique de Danny Elfman, compositeur qui arrive à mettre en avant tout le côté loufoque d’un film du genre. Au final, ce n’est pas pour rien qu’il s’est occupé de la BO de la majorité des films de son comparse réalisateur !
Pee-Wee’s Big Adventure n’est, pour moi, pas une réussite. Surtout quand on voit ce que Tim Burton nous a livré par la suite. Non ! Pour moi, ce premier long-métrage d’un maître visuel restera une comédie pour enfants très légères et loufoques au possible, qui m’a fait à peine sourire et quelque peu énervée (ces crises de rires !!), mais qui montre déjà tout le potentiel plastique d’un grand réalisateur, qui a le pouvoir de mettre en image des rêves et cauchemars ! En bref, il fallait bien commencer quelque part, non ?