« […] rien de pire au monde que l’amertume et la vengeance »

Avec Persepolis, le destin de l’Iran se mêle à celui d’une petite fille devenue adolescente puis femme, à savoir Marjane Satrapi qui recourt à l’autofiction pour mieux raconter de l’intérieur les bouleversements politiques et idéologiques alors à l’œuvre. La réalisatrice adapte sa propre bande dessinée et superpose trois échelles : celle de son pays, celle de sa famille et celle de son intimité difficilement sondable, occasionnant une dynamisme bienvenu et propose un dialogue original parce que mené à bâtons rompus. La discontinuité narrative – quoique l’ensemble privilégie la chronologie –, la liberté de tons et de registres, le sens de la répartie donnent vie à un vaste et complexe réseau tour à tour comique et tragique, constamment juste, qui offre autant de portes d’entrée à des spectateurs de tous âges confondus. L’inventivité de l’animation désamorce quelque peu le didactisme du propos par des libertés formelles d’ordre poétique à même d’apporter densité et complexité : ou comment le monde se voit réinventé plan après plan, scène après scène, en opposition au dogmatisme islamiste tourné, lui, du côté du figement des corps et des valeurs, par un noir et blanc qui détient – et l’expression sera peut-être naïve – toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Un pamphlet percutant.

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