On se doute bien, et Mediapart ne s’en cache pas, que la sortie en salle plutôt que sur une quelconque plateforme d’un tel documentaire à pour but de créer une caisse de résonance alors que le procès de Nicolas Sarkozy est en cours. On ne s’étonnera alors pas que la forme soit assez sommaire, retraçant chronologiquement l’affaire des financements libyens depuis les premiers contacts à coup d’interviews des journalistes d’investigation, d’images d’archives, et d’allocutions éhontées de l’accusé.
Mais en même temps, on a très vite l’impression d’être plongé dans un thriller politique où les fils narratifs qui se dévoilent au fur et à mesure que l’on avance paraissent de plus en plus énormes, et les réactions qui en découlent incongrues. On y suit l’avènement d’un président truand qui va se tisser un réseau mafieux pour se permettre d’accéder au pouvoir, ne laissant de côté aucune piste criminelle pour mettre les moyens de son côté. Une réalité qui dépasse bien des fictions tant ses acteurs ne doutent de rien, et procèdent à retournements de vestes et trahisons plus fréquemment que décemment permis. L’affaire est fascinante, et pas in fine pas si incompréhensible que le laisse présager le titre. Elle laisse juste pantois quant au fait que, au XXIème siècle, nous ayons encore le droit à des dirigeants élus qui se comportent comme des parrains, et tordent déjà la vérité à l’aube de l’ère de la post, pouvant clamer tout et son contraire sans que l’on ne sourcille. Elle est belle ma France, elle est belle ma république.
Il existe tout de même un avantage non négligeable de voir une telle œuvre en salle, c’est de partager la réaction du public. Rires jaunes, “Connard!” et autres quolibets, viennent ponctuer une séance qu’il fait plaisir de voir pleine. A l’unisson, les spectateurs s’accordent sur la crasse de ce qui nous gouverne. C’est assez rare de nos jours de voir la foule unie, quand bien même se doute-t-on qu’une certaine frange de la populace ne daignera pas voir ce document.