Deuxième long-métrage (librement) inspiré d'un roman d'Adam Nevill après "Le Rituel" déjà pour Netflix, "No One Gets Out Alive" s'articule autour du sort d'Ambar, une jeune clandestine mexicaine à Cleveland, obligée de louer une chambre dans une sinistre bâtisse où le nombre d'occupants décédés semble bien plus important que celui des vivants...
Film d'épouvante s'ancrant évidemment dans le contexte social éprouvant des immigrés séjournant illégalement sur le sol américain, "No One Gets Out Alive" donne un sens encore plus prégnant à son titre en faisant d'Ambar la victime parfaite d'un système qui, tout en l'exploitant comme une ressource jetable, referme sa mâchoire sur ses aspirations à une vie meilleure pour ne lui laisser aucun avenir à court-terme. D'un point de vue concret, le long-métrage nous fait donc vivre à ses côtés les conséquences induites par sa condition précaire entre un job de misère, la difficulté de décrocher le précieux sésame d'une carte d'identité ou les parasites prêts à profiter d'elle à tout instant, mais, même si la jeune femme ne s'avoue jamais vaincue et cherche toujours à s'en sortir avec abnégation face à cette triste réalité (la promesse d'un vrai travail étant son seul phare), la menace beaucoup plus irrationnelle à laquelle elle va faire face dans son nouveau logement va définitivement incarner la part la plus sombre de ce qui s'est donné pour but d'occire toute lueur d'espoir en elle.
De plus, la nature de ce danger surnaturel en elle-même va également ajouter un degré de lecture loin d'être idiot au propos de l'ensemble : en partageant une origine identique à celle d'Ambar (chose révélée dès le prologue) mais utilisé à des fins qui se retournent contre sa compatriote et les traumatismes qui l'animent, ce mal souligne en effet judicieusement ce en quoi l'appropriation malhonnête d'une culture peut avoir de néfaste sur la propre population dont elle est issue. Ainsi, entre le (superbe) contenu de la "boîte" au cœur des événements, rappelant d'ailleurs esthétiquement une certaine créature aperçue dans "Le Rituel" (mais avec d'autres spécificités exotiques), et un climax construisant une forme de revanche bien pensée par tout ce que peut représenter le personnage d'Ambar, la dernière demi-heure de "No One Gets Out Alive" sera clairement le temps fort du film en exploitant enfin à l'écran le spectre entier des contours métaphoriques de sa proposition...
Hélas, avant d'arriver à cela, et aussi malin soit-il dans sa teneur, le long-métrage de Santiago Menghini aura un mal fou à tirer sur des ficelles originales pour nous surprendre un minimum dans son cheminement. Au-delà du fait que les motivations de son discours social se dessinent assez vite en ne laissant guère de surprises sur ce qui se trame derrière toute cette histoire, "No One Gets Out Alive" emprunte formellement beaucoup trop à l'approche désormais très connue du cinéma d'épouvante espagnol. Des couleurs verdâtres/bleuâtres dominantes au soin apporté aux cadrages des décors intérieurs vétustes pour leur donner une ampleur lugubre en passant par des apparitions fantomatiques correctes mais standardes (seule la séquence d'un souvenir "revécu en live" dans la maison fera son petit effet), le film s'inscrit dans les canons les plus classiques du style ibérique sans s'en démarquer, nous rappelant par là même que ce cachet si particulier autrefois loué s'est aujourd'hui banalisé, dilué dans des codes devenus trop familiers du grand public car utilisés jusqu'à l'écoeurement dans des productions parfois américaines.
Sans le vouloir, et avec une certaine ironie, cela ajoute quelque part un nouvel angle à ce que veut nous transmettre "No One Gets Out Alive" comme message mais, au contraire du reste, la démarche n'est bien sûr ici pas volontaire et enferme le film pendant bien trop longtemps dans un caractère anecdotique, voire ennuyeux, avant que sa partie finale ne vienne lui donner un peu plus d'intérêt. Ce dernier effort ne sauvera pas l'entreprise d'un oubli presque immédiat mais il aura le mérite de nous rappeler qu'il y avait sûrement moyen de mieux rendre justice à ses qualités de fond avec un traitement plus singulier sur le long-terme.