La Momie Bande Encore

El Secreto de La Momia Egipcia est une coproduction franco-espagnol de 1973 dont la paternité est accordé à Alejandro Marti sous le pseudonyme de Ken Ruder mais dont on semble ne pas vraiment connaître le nom du véritable réalisateur puisque le film fut un temps aussi accordé au réalisateur d'Eurociné Pierre Chevalier. Le film est en tout cas un véritable curiosité car il ressemble à un concentré de films de la Hammer mais tourné en Bretagne par un artisan érotomane, certes esthète mais aussi assez maladroit. Sorti mais épuisé depuis longtemps chez l'éditeur Le Chat Qui Fume, le film est actuellement disponible sur Filmo.TV dans une sélection Nanars qui honnêtement ne lui convient pas tout à fait.

Perversions sexuelles ou Le Sang des Autres ou Les Chemins de la Violence (choisissez votre titre) raconte donc l'histoire d'un pseudo spécialiste de l’Égypte qui vient enquêter chez un mystérieux châtelain lequel posséderait une momie responsable de la disparition de plusieurs jeunes filles dans les alentours.

Le Sang des Autres commence de manière classique et même assez élégante avec un mystérieux cavalier, des autochtones apeurées et donc une visite dans un château paumé et entouré de mystères tenu par un aristocrate très volubile. Car pour l'essentiel le film se concentre sur le récit (avec voix off omniprésente) du châtelain racontant comme il a fait revenir une momie à la vie et découvert qu'elle avait besoin de sang pour se nourrir. Le film est donc un étrange mélange du mythe du vampire et de malédiction égyptienne avec un zeste de Frankenstein puisque la résurrection de la momie, qui est en fait un type plutôt bien conservé avec une coupe à la Mireille Mathieu et des fringues de carnaval en or satiné, se fera par des électrodes et de l'électricité. Une fois réveillé notre notre brave momie va enfermer le notable à double tour et hypnotiser son homme de main pour qu'il capture et fasse venir de force des jeunes filles au château pour s'abreuver de sang et de sexe. Car après plusieurs siècle le bougre à soif et il a surtout très envie de niquer avec un attirail qui frétille toujours et une certaine propension à la violence. La voix off toujours très éducative nous expliquera ainsi que Pour dégager le maximum d’énergie psychique à son existence, il avait besoin de les violer et de les torturer (dans l'autre sens) avant de boire leur sang. Du coup le film rentre ensuite dans une longue mécanique assez répétitive de captures, tortures et viols de jeunes filles pour un film qui devient bien plus érotique que fantastique et surtout un peu lassant sur la longueur.

Le Sang des Autres est une véritable curiosité loin d'être désagréable à regarder et assez élégante dans sa mise en scène et le soin apporté aux costumes, décors et différentes ambiances. Le film prête souvent à sourire avec le look un peu kitsch de son égyptien obsédé qui accessoirement fait du kung-fu avec le tranchant de la main, certaines péripéties racontées par la voix off avec un ton très scolaire et récitatif quand on sent qu'on a pas les moyens de tourner la scène en question : "Dans un ultime reflex l'égyptien roulant sur lui même avait évité le choc de la hache, le tranchant s'abattit sur son bras séparant la main du reste du corps"  et quelques effets de mise en scène redondant jusqu'à devenir des gimmicks comme ce fondu/ouverture au noir à l'iris qui vient régulièrement clore une séquence. A noter également quelques effets délicieusement datés comme un bâton qui se transforme en serpent en plastique ou une main baladeuse, ce qui est assez logique vu que c'est celle coupée de notre égyptien queutard. Le réalisateur possède aussi un sens très relatif et amusant des proportions comme lorsque un personnage creuse un toit de tuile à un mètre du sol pour se retrouver dans une immense grenier à l'étage d'une maison ou qu'un pauvre type tombe dans un trou pas bien grand et tente de nous faire croire que c'est un précipice sans fond.

Perversions sexuelles ou Le Sang des Autres est un petit film rare et fort sympathique, le genre de petit plaisir que les amateurs de cinéma bis aimeraient avoir dans leur collection à condition d'en avoir les moyens, car même si je conçois que tout ce qui est rare est cher , payer 40 voir 80 euros pour un petit film aussi moyen ça fait tout de même un peu cher la pacotille.