La toile de fond du film est assez chronologique: l'enfance de Peter Doherty dans des casernes militaires, le succès des Libertines, et rapidement l'arrivée de l'héroïne (habilement emmenée, mais scènes difficiles à regarder parfois). Puis les ennuis avec la justice, la prison (la prison de l'addiction en plus de la prison réelle), la fin des Libertines, le début des Babyshambles... Bref la carrière de Peter Doherty telle qu'on la connait.
Mais ce film, c'est surtout l'ensemble des images filmées par Katia De Vidas, ses entretiens avec Peter Doherty, tout au long de ces années. Elle pose les questions avec douceur, il répond avec honnêteté, parfois lucide et espiègle, parfois au bord du sommeil ou profondément intoxiqué.
On apprend des choses sur l'addiction, l'"étranger dans sa propre peau", ou "The Monster", comme il l'appelle dans son dernier album avec Frédéric Lo. On observe avec empathie, parfois tristesse (quand il remonte aux origines de cette addiction ou quand on voit à quel point il en est prisonnier), parfois émotion (les scènes de "journal intime" en Thaïlande, la scène finale aussi
avec son père sur scène).
Ce film est un peu à son image: chaotique, désordonné, à l'instar de ses prises de parole en public ou de ses collages artistiques.
Mais c'est le film qui lui ressemble: on se laisse emmener et on observe le poète d'un autre temps à la belle âme, écrivant des textes à la plume sur un vieux parquet à la lueur d'une bougie. Un conteur-compositeur naturel, qui crée une chanson tandis que son ami lui raconte sa terrible expérience en prison. On le voit cherchant ce réconfort, dans sa couette, dans l'encrier ou dans sa guitare, alors qu'autour de lui le capharnaüm règne. On le voit surtout très souvent plein d'esprit, drôle, doux et gentil, avec tout le monde.
On est frappé par l'honnêteté de Peter Doherty, qui en fait n'a jamais menti, mais dont l'image a été très souvent manipulée par des médias intéressés. Et, quand on lit à la fin du documentaire, "de nombreux autres albums sont à venir", on ne peut s'empêcher d'être reconnaissant de la résistance et de la force de cet artiste, ainsi que de l'amour de ses proches, surtout de son épouse, à son égard.
Long live Peter!