Tu ne comprends donc pas Crochet, que tu ne gagneras jamais
C'est une coutume depuis quelques années chez Disney de sortir en vidéo des suites de leurs longs métrages animés. La formule est toujours la même: les héros des premiers opus ont grandit et leurs enfants se retrouvent malgré eux mêlés à une histoire de vengeance. C'était donc au tour de "Peter Pan" de passer à la moulinette.
Le début du film est somptueux, aussi bien narrativement que graphiquement. Confronter un enfant aux horreurs de la seconde guerre mondiale était osé pour un long métrage animé signé Disney, et il ne tombe à aucun moment dans la mièvrerie. Même la traversée des patrouilles d'aviations et l'enlèvement de Jeanne par les pirates se révèlent convaincants. Très vite par contre, le scénario se recentre sur la même intrigue que "Peter Pan" avec la fille de Wendy. Aucun des héros du premier film n'est donc dans cette suite, puisque seulement l'héroïne adulte y fait de la figuration.
Le personnage de Jane apparaît comme un stéréotype auquel on ne croit pas une seule seconde et les anciens personnages ont perdu les traits de caractère qui faisaient leur charme. Crochet a perdu de son comique pour devenir un bouffon sans saveur, la subtilité de Peter et l'ambiguïté qui le rendait à la fois attachant et détestable ont disparues, quant à Clochette, elle est transformée en peste à mascara bleu turquoise du plus mauvais goût. A noter que le crocodile a été évincé, et c'est d'ailleurs fort regrettable tant le nouveau cauchemar de Crochet nous ressert exactement les mêmes gags avec un musique légèrement différenciée.
Et Wendy? Elle est devenue adulte avec des enfants. Pâle transposition du rôle de Mme Darling, l'idée tombe complètement à plat si l'on se place dans la logique de la fable de Peter Pan. Ce n'est certainement pas Wendy qu'il est intéressant de voir grandir, puisqu'elle est une fille comme tant d'autres, mais bien Peter Pan lui même, concept qu'avait remarquablement développé Steven Spielberg dans Hook.
Loin d'être mauvais, le film reste simplement bon. Il est donc lui aussi marqué par cette étrange coïncidence qui veut que toutes les "bonnes suites" soit graphiquement convaincantes mais scénaristiquement identique au film précédent.
"Peter Pan 2: Retour au pays imaginaire" vaut donc le coup d'oeil pour sa très forte séquence d'ouverture en pleine seconde guerre mondiale, pour les retrouvailles de Peter et Wendy à la fin du film, et aussi, dans une certaine mesure, la première fille perdue du pays imaginaire. Pour le reste, il s'agit ni plus ni moins de la même histoire avec un personnage principal différent.