À aucun moment cette comédie de boulevard frappée de parisianisme ne donne une vue favorable de Fassbinder. Nécessairement ses contributeurs n'aiment et respectent pas le réalisateur de L'année des treize lunes (pas digéré Querelle ?), dont ils font une folle de salon et un nanti ressemblant à des homos flasques fameux, alors qu'il apparaissait plutôt comme un crapaud et créateur mêlant 'mauvais goût' et lucidité cruelle (spécialement dans Tous les autres s'appellent Ali). Il se laisse mener par un type limé par tout le 'milieu artistique' pour parvenir ; il s'amourache comme une gamine ennuyeuse et ne sait que pleurnicher sans parvenir à culpabiliser qui que ce soit.
En admettant que Fassbinder ait été ce type ridicule et infantile, ce despote impuissant ; si on doit faire revivre quelqu'un de ridicule que par hasard ou à cause de merveilleux à-côtés on trouve remarquable, au moins vient l'envie de donner de bonnes répliques, de l'esprit, des richesses de caractère ou d'attitude... quand bien même on aurait décidé de laisser au placard son œuvre, pour laquelle il est connu. Au lieu de ça nous trouvons de l'Almodovar bon marché et un torrent de banalités, notamment lors des premiers échanges. On passe près de l'usine à mèmes grâce à une poignée de pétages de plombs et de crises savoureuses (« Mais je souffre !! »), où là encore le film est faible et donne une image minable de son personnage ; quand vient l'heure du suicide social et des injures à l'entourage, il ne sait que vomir des « grosse conne »... Enfin c'est drôle et l'enthousiasme monte un peu, conforté par le revirement du larbin autrement brutal que celui de Marlene dans Les larmes amères (dans les deux cas le maso n'attendait pas simplement que son maître soit au fond [Peter et Petra le côtoie dès le départ] mais qu'il s'abaisse à lui montrer du respect, alors que son emprise manifeste sur les autres s'estompe)... sauf que c'est fini.
Mais qu'attendre de plus d'un film où tout est si générique, avec encore de ces personnages incapables de rapports équilibrés, confondant leurs foucades et la plongée dans des états subjectifs hystériques avec de la sincérité. Il ne manque que l'évanouissement avec un « Ciel ! » et un gloussement de Ruquier pour compléter le tableau. Vous avez choisi un abonné des rôles de sociopathe pour interpréter un couturier des Prédateurs de la nuit ; assumez votre envie de rire facile et régressif, laissez donc Jean-Marie Poiré prendre les choses en mains ! Et de meilleurs auteurs glisser des punchline qui manquent cruellement dans ce film où le sommet de l'ébullition consiste à introduire de lourdes références au Droit du plus fort... en répétant le titre. À un crachat près, Peter d'Ozon n'aura présenté aucune action différente de son modèle. Par contre il a su rendre l'ensemble des échanges plus laides et bêtes ; tout de même il y a un gain viril car le film de Fassbinder était lent et assez plombant alors que celui-ci tient du plaisir coupable. Malheureusement hors de la dégradation et de la bouffonnerie de la forme il n'apporte rien, même l'anecdote du gros toy black était là en 1972 !
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