PETITE AMIE (Michal Vinik, ISR, 2016, 82min) :
Alors que depuis 11 semaines les salles de cinémas restent scandaleusement confinées, profitons-en pour trouver de bons remèdes VOD à notre manque, à travers par exemple une piqûre de rappel du délicat Petite amie, une injection prégnante pour nous replonger délicieusement dans notre innocence de nos toutes premières fois...
Ce sensible récit initiatique d'émancipations conte l'histoire d'une jeune adolescente israélienne de 17 ans, vivant dans la campagne de Tel-Aviv. Pour son premier long métrage la réalisatrice Michal Vinik nous présente une héroïne voulant s'affranchir de son cocon familial pesant, et lui faire oublier une énième disparition inquiétante de sa sœur, enrôlée dans l’armée.
Dès le premier plan aux connotations pop/rock par le son et l'image avec un plan sur des paires de lunettes en forme de cœur sur le pare-brise avant d'une voiture qui démarre sous un morceau musical endiablé, l'ambiance teen movie est bien présente. Arthur Rimbaud l'écrivait en vers pour son Roman : « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans »…La mise en scène garde quasiment tout au long du film cet état d'esprit, cette même vitalité et fraîcheur flirtant aux plus près des excès pour nous décrire au mieux la jeune Naama, qui aime sortir, boire, fumer des joints, se droguer et s'abandonner aux bras de garçon à l'arrière d'une banquette de voiture.
La metteuse en scène dépeint cette jeune femme emplie de fougue avec beaucoup de tendresse et sans jugement moraux pour mieux brosser en arrière-plan de son film, un portrait un peu acide de cette société israélienne encore sous le poids de la religion, des archétypes sociaux ou le pays semble être encore très militarisé notamment de par sa jeunesse. Malheureusement ce sous-texte politique arrive après la moitié du film, l'auteure ne peut que survoler ses problématiques en donne une image parfois un peu caricatural à ce qu'elle veut dénoncer. Mais là où Michal Vinik s'avère être la plus pertinente et dans l'évocation de l'éveil amoureux et sexuel de Naama pour une camarade d'école dévergondée au look punk. Par petites touches après un premier contact assez glacial dans les toilettes du lycée devant une glace, la cinéaste filme au mieux les émois, les pulsations sous la peau, le jeu du chat et la souris avant que n'intervienne le premier baiser dans un lieu propice aux jeux d'enfants. Quand les corps s'embrassent et que l'amour naît sous la caméra, le souffle du film atteint ses moments de grâce, l'auteure dépeint ses jeux de l'amour sans cliché même si l'on peut trouver que le cahier des charges une fois qu'il est savamment rempli s'avère dans l'ensemble un peu prévisible. Néanmoins tout au long du récit un peu convenu la sincérité transparaît sur le grand écran.
Cette chronique s'appuie notamment sur la composition toute en retenue et en émotions de la révélation Sivan Noam Shimon très convaincante et de son amoureuse incarnée par la charismatique Hadas Jade Sakori, un petit ange démoniaque. Un premier film prometteur qui s'émancipe également des partitions musicales du pays originel où les sonorités pop/rock et électro accompagnant cette touchante romance lesbienne. Venez découvrir avec bienveillance le fragile et plaisant Petite amie. Lumineux. Délicat. Attachant.