"Donner la vie, la détruire et la laisser se reconstruire" tel est le credo d'un grand nombre de familles.


Axelle Ropert nous invite à découvrir une des nombreuses manières d'y parvenir au travers des yeux de Petite Solange, âgée de 12 ans, en pleine transition adolescente, qui fera petit à petit le constat de la séparation de ses parents, ainsi que son impact sur cette dernière.


Le rôle central est incarné par Jade Springer, impeccable en toutes circonstances. Elle donnera la réplique à Philippe Katerine jouant le père, Léa Drucker, la mère et Grégoire Montana-Haroche, le grand frère âgé de 21 ans.


Qu'il est impressionnant de voir les failles d'un père et d'une mère durant toutes ces scènes de disputes conjugales imposées au regard d'une enfant.
A une époque où l'éducation bienveillante est devenue le maître mot, un constat doit être fait : même avec toute la bonne volonté du monde, il n'existe pas de parents parfaits.
On les sent doucement glisser dans un rôle involontairement blessant pour leur engeance au fur et à mesure que leur couple se délite.
Dès le début de l'histoire, lors d'un discours pour célébrer leurs 20 ans de mariage, les quelques phrases bredouillées par le mari n'évoquent que leurs 2 enfants, oubliant totalement le rapport à son couple. Qu'il est aisé de s'oublier dans le quotidien.


Dès lors que la cohésion de l'équipe papa/maman n'est plus au rendez-vous, les gaffes s'accumulent.


Le grand frère fuit à l'étranger (Erasmus probablement), les parents se centrent de plus en plus sur eux-mêmes et la petite Solange subit.
Les conséquences se manifestent rapidement avec une perte d'attention à l'école, une recherche d'attention maladive (cleptomanie, errance, colle...) et des crises de larmes incontrôlées.
Elle supporte bien malgré elle les problèmes des adultes censés la protéger et lorsqu'elle souhaitera prendre part au débat se verra envoyée sur les roses avec un magnifique "il y a le monde des adultes et le monde des enfants".


Elle semble bien en peine à exprimer que ces deux mondes sont intimement liés (et qu'on ne se gène pas de l'intégrer dans l'un lorsque ça arrange pour mieux la renvoyer dans l'autre lorsque ce n'est plus le cas).
Un troisième émergera plus discrètement à quelques reprises, celui de notre monde alias la planète Terre. Greta Thunberg y est encensée par le binôme de collégiennes présentant son exposé avec un enthousiasme infantile marquant, élément supplémentaire de l'impact des actions des adultes sur les enfants qu'ils sont et sur leur volonté de réparer ce que les adultes détruisent.
Quand au monde des enfants, on le survole par intermittence, au rythme d'une vie, pour y découvrir les premiers béguin, vol de bonnet dans les escaliers, joie de la découverte d'un nouvel enseignant sympa et colle injustifiée.


La crédibilité et la cohérence de l’œuvre misant sur les attitudes et comportements de l’intégralité des protagonistes et du vécu de Solange sont criantes de vérité. Tout ce qui se déroule sous nos yeux est déjà vu, entendu et/ou connu sans toutefois tomber dans la surenchère. Les enchaînements de situations et l'ensemble demeurent cohérents.


Malheureusement la qualité de l'écriture est contrebalancée par une caméra qui manque de tact à de multiples reprises et enlise Petite Solange, l'empêchant de devenir une œuvre inoubliable.

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le 6 févr. 2022

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Alienure

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