Pi
6.8
Pi

Film de Darren Aronofsky (1998)

Les maths, c'est de l'hébreu

Max Cohen est convaincu que les maths régissent tout l'univers. Le hasard est banni, l'aléatoire est proscrit : tout est explicable par des équations, tout doit obéir à des séquences, y compris la Bourse. En effet, Max Cohen s'évertue à trouver un modèle mathématiques qui serait capable de prédire les cours boursiers. Il refuse catégoriquement de croire que les chiffres puissent ne rien expliquer. Et si jamais une erreur survient, c'est une erreur humaine, pas une faute mathématique. Quand son vieil ami Sol lui dit qu'il n'y a pas de séquence de chiffres parmi les innombrables décimales de Pi, Max refuse d'y croire ; selon lui, c'est juste son ami qui se trompe et qui a abandonné les recherches trop tôt.
En même temps, Max est paranoïaque et complètement taré. Il refuse quasiment tout contact avec des êtres humains, s'enferme chez lui avec quatre verrous et se bourre de médicaments à la moindre contrariété.

Ce film comporte un défaut que je déteste habituellement chez certains cinéastes : il essaie de se faire passer pour intello, il complique sa narration pour donner l'illusion d'un film cérébral, juste pour cacher qu'il a un scénario un peu juste. Parce qu'entre nous, que raconte ce film ? La désillusion d'une sorte de mystique qui croit dans les chiffres comme d'autres croient en Dieu. Le portrait d'un homme qui sombre dans la folie à force de s'obséder sur une seule idée. C'est tout simple et, dans le style, on a déjà vu mieux.
D'autant plus qu'Aronofsky multiplie les scènes de remplissage, inutiles pour l'intrigue, qui ont pour seul but de faire atteindre péniblement les 85 minutes à un film qui a un scénario de court métrage.
Mais il faut dire que, sur le plan visuel, le bonhomme sait y faire. Un joli noir et blanc qui fait penser à l'expressionnisme des années 20, un univers glauque et oppressant qui semble directement inspiré de Lynch (j'ai beaucoup pensé à une version simpliste de Eraserhead en voyant ce film). des mouvements de caméra qui cherchent à représenter la folie du personnage, à nous faire rentrer dans son univers mental. Tout cela est fort réussi, et c'est là que le film est le meilleur : dans son ambiance, son atmosphère de folie obsédante.
J'ai beaucoup aimé aussi les scènes sur la religion. Max est contacté par un Juif qui lui explique la Torah et le système numéral de la langue hébraïque. Étant passionné par les exégèses de tout ordre, cette partie m'a fort intéressé.
Mais, dans l'ensemble, j'ai trouvé que ce film n'était pas à la hauteur de ses ambitions. Il aurait pu être vraiment excellent, il est juste inégal, parfois très bon, d'autres fois un peu ridicule. Avec un cinéaste qui travaille beaucoup à l'esbroufe.
SanFelice
7
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le 9 juin 2013

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SanFelice

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