Pickpocket par Cinemaniaque
Ce qui est paradoxal, et en même temps porte préjudice au film, c'est sa contradiction interne. J'entends par-là que Bresson, dans sa logique cinématographique, veut d'abord donner un film à ressentir, avant d'y réfléchir ; hors, tout au long du film, Bresson supprime toute émotion possible, que ce soit à travers un carton qui annihile le suspens (« ce n'est pas un film policier, deux âmes vont se trouver ») ou à travers les acteurs, les « modèles » qui à force d'être inexpressifs empêchent toute affection comme tout rejet d'eux. C'est franchement dommage, car Bresson est un metteur en scène hors pair sur le côté, aussi bien en matière de son que visuellement, notamment ici en faisant de la main du pickpocket un véritable personnage en soi, filmant chaque geste avec une précision chirurgicale, conférant presque une autre dimension à chaque vol, comme le premier à Longchamp qui a des airs presque sexuels, comme l'était celui de Pick up on South Street de Samuel Fuller.