Le dégoût
Franchement glauque, déroutant, le film est très difficile à regarder. Pourtant, on a envie d'aller jusqu'au bout, sans doute grâce à une mise en scène sobre et un travail du son envoûtant malgré son...
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le 12 sept. 2013
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Le cinéma underground aussi a ses maîtres et Pig en fait partie. Il est tourné en 1999 par Nico B, réalisateur d'une suite nommée 1334 (sortie en 2012) et distributeur (via Cult Epics) de films cultes au sens profond, c'est-à-dire de bobines 'd'élites' de l'arrière-monde. Pig est aussi l'ultime projet de Rozz Williams. Créateur et chanteur du groupe Christian Death, celui-là se suicide le 1er avril 1998, avant la diffusion du court-métrage. Il est l'un des deux protagonistes et également le compositeur de la bande-son (noise), achevée au détail par Chuck Collison. Les vingt-trois minutes sont en noir et blanc, quasi mutiques, à l'exception de quelques déclamations atones.
Suivant une mise à mort volontaire, précédée de tortures ritualisées, Pig est un film déviant et sans doute pas un film « malade ». Rozz Williams interprète le sadique au masque de cochon qu'un jeune homme rejoint dans le désert, avant d'être mis à l'épreuve dans une bâtisse abandonnée. Le performer James Hollan endure des tortures 'soft' mais réelles. Pig illustre l'idée « tuer est un acte d'amour », cette vieille sagesse morale du sociopathe dont l'élan vital a foutu le camp. La nature de certaines fantaisies n'est pas identifiée ; elles appartiennent vraisemblablement à l'imagination mêlée des deux hommes.
Le snuff est simulé (pas de générique, aspects 'amateur'), mais avec une ambiance de cauchemar, une construction plus opaque et minimaliste que décousue. Son iconographie et sa mise en scène le distinguent de ses concurrents comme August Underground ou Scrapbook, davantage dans l'authenticité crapoteuse et la médiocrité complaisante. Pig relève donc à la fois du bal de projections toxiques vaguement mystiques (Begotten light) et du fake snuff pas si fake. Il signe la fatigue des démons en même temps que la démission de deux types, l'un renonçant à son existence totale, l'autre acceptant sa désintégration pour camper le rôle mauvais et privé d'âme par lequel il trouve le repos.
C'est typiquement le genre de purulences fascinantes, en tout cas de confrontation au néant et à la mort, qu'un certain cinéma peut promettre. Les lambeaux de l'esprit de Rozz Williams donnent sa chair à la bobine. Pig manifeste ses influences, son goût de l'absurde, du dadaïsme et du surréalisme (les scènes finales avec les deux types enturbannés façon Homme Invisible) et dans une certaine mesure de l'ésotérisme : le bourreau travaille sous le contrôle d'une espèce de grimoire (Why God permits Evil) parsemé de symboles obscurs, avec des champions de l'abjection dans les recoins (tatie Adolf & daddy Manson). Le film est initialement vendu à 1334 exemplaires, le chiffre faisant référence à la peste noire et à une chanson de Williams.
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le 17 oct. 2015
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