Batailles et Fontaine
Aucune suprise, si ce n'est pour ces putains de lunettes 3D que je ne pensais pas retrouver à Cannes... Johnny Depp joue à Keith Richards (qui lui joue à Johnny Depp le temps d'une apparition)...
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le 14 mai 2011
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Qu’on fasse une suite à Pirates des Caraïbes après le final explosif et grandiose qu’est Jusqu’au Bout du Monde ne me dérange pas en soi (bien que ça casse la boucle que s’était efforcé de construire Gore Verbsinki avec sa trilogie). Après tout, la mer est grande, les quêtes et autres aventures ne manquent pas dans un tel univers.
Sauf que non. Il y a un moment, quand on ne retrouve même pas la moitié des ingrédients qui ont fait la réussite des trois premiers, il faut savoir s’arrêter. Le souci chez Disney, c’est qu’ils ne s’arrêtent que lorsque l’appel de l’argent vient à fermer sa gueule. Et en 2011, Pirates des Caraïbes, c’était une poule aux œufs d’or qu’il aurait été regrettable pour la firme aux grandes oreilles de ne pas exploiter jusqu’à pas soif. Alors même si le final de Verbinski tendait à laisser cet univers tranquille, même si seulement trois acteurs des précédents opus répondent présent, et même si on a finalement pas grand-chose à raconter, nous voilà avec ceci : La Fontaine de Jouvence réalisé par un certain Rob Marshall.
Et comment ne pas servir quelque chose d’infiniment plus fade que les opus de Verbinski ? Je veux dire, ce dernier a passé trois films à construire tout un récit autours de malédiction, d’Hollandais Volant, de cœur arraché et caché dans un coffre et d’un poulpe amoureux de l’esprit de l’océan, le tout se concluant dans une bataille épique au cœur d’un maelstrom. Qu’est-ce que tu veux me raconter d’intéressant après ça ? Une chasse au trésor ? Mouairf.
Pourquoi pas, c’est vrai après tout. C’est un film de pirate, ne cherchent-ils pas les butins les plus convoités de la Terre ? Le tout dans un ambiance fantastique et surréaliste ? Oui...mais là encore non. Parce que je veux bien suivre notre Jack Sparrow adoré dans la quête de la Fontaine de Jouvence, mais faut-il encore qu’il soit quelque peu acteur de sa propre aventure. Et j’en suis désolé, mais ce film, on aurait très bien pu retirer Jack Sparrow que ça aurait le même rendu. Je trouve ça quand même triste de passer du capitaine du légendaire Black Pearl, à un pirate qu’on ne reconnaît même pas dans un bar et qui se retrouve forcé par un Barbe-Noir (random méchant Disney n°94) à partir à l’aventure. C’est pas ça Jack Sparrow ! Jack Sparrow, c’est des magouilles dans tous les sens, c’est un instinct solitaire qui dicte ses agissements, c’est de la trahison à droite à gauche. Et là, pourquoi ne trahit-il pas son tortionnaire ? Ah...il est amoureux...Putain.
Et là encore, je veux bien qu’on me sorte une romance du chapeau, mais encore faut-il qu’elle s’installe convenablement dans le récit. Et je sais pas vous, mais la relation entre Jack et Angélica, je la trouve inconsistante. Il suffit pas de me dire qu’ils ont eu une romance des années auparavant et que c’est Jack qui a fait d’Angélica une sournoise pour densifier leur relation. Alors certes, il y a quelques passages qui font mouche, comme le moment où Jack tente de décrire ses sentiments à Gibbs et qui finit par admettre, qu’effectivement, il a de l’attachement. Mais si attachement il y a, évolution il doit y avoir. Regardez le début du film, regardez la fin, la relation entre les deux personnages a-t-elle évoluée ? Non. Jack a-t-il évolué au cours de cette aventure ? Non. Et finalement, là où Jack a toujours été un personnage imprévisible qui agit de manière inattendue, ici, toutes ses actions se voient venir des kilomètres à la ronde, parce qu’il fait exactement ce qu’un héros de film lambda ferait. Alors certes, on continue de lui faire faire ses mimiques et sa démarche unique, mais c’était ce qui le rendait drôle, pas ce qui en faisait son charme. Dans ce film, Jack est drôle, certes, mais à aucun moment il n’a cette densité qui faisait le sel du personnage chez Verbinski. Avec ce film, le personnage de Jack Sparrow n’est devenu qu’un pantin comique similaire à tous les personnages de Johnny Depp à cette période (le Chapelier Fou, Barnabas Collins, Charlie Mortdecai). Et ce n’est pas une romance insipide avec la belle Penelope Cruz qui y changera quelque chose.
Et puis ce n’est pas la seule romance ratée du film en plus. Ici, on a droit à deux histoires d’amour, mais celle concernant le missionnaire et la sirène est certainement la pire. Malgré le côté faussement profond du tandem Jack/Angélica, certaines scènes faisaient mouche car elles étaient drôles (le faux baiser à la fin par exemple). Mais le couple de la sirène, bon sang de bonsoir, c’est d’une inutilité. Déjà parce que cette romance ne sert que d’outil narratif (pour que les personnages puissent avoir la larme de sirène et que Sirena retourne sa veste en donnant les calices à Jack), et surtout parce qu’elle n’a rien d’une romance. Will Turner et Elizabeth Swann, c’est une relation qui débute dans leur enfance et qui évolue en trois films. Alors certes, le missionnaire et la sirène n’ont pas trois films pour développer leur romance, mais les faire tomber amoureux en deux scènes ? Surtout que le missionnaire passe plus pour un stalker qu’un mec vraiment amoureux. Le seul moyen que les scénaristes ont pour les faire tomber amoureux c’est : “Tu es gentil, tu m’as sauvé, tu es différent”, “Tu es gentille, tu m’as sauvé, tu es différente”. Bisou. Et la seule raison pour laquelle je ne suis pas en total dégoût concernant ce couple, c’est parce que fût un temps dans ma jeune adolescence, j’étais amoureux d’Astrid Berges Frisbey (bon sang qu’elle est belle quand même). Non et puis merde, Sirena, qu’est-ce que c’est que ce nom ?
Bon, et puis on n’évite pas le méchant banal typique Disney qui tue un ou deux mecs pour montrer à quel point il est cruel. Ian McShane fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Si au début, le personnage sait créer un mystère avec son entrée en scène, il devient vite un méchant d’un ennui assez spectaculaire.
Finalement, la seule véritable réussite de ce film, c’est la relation qu’entretiennent Jack Sparrow et Barbossa. Les interactions sont toujours aussi réussies et j’aime beaucoup comment ils s’entraident tout en se tirant dans les pattes. Le plan de Barbossa est sympathique et Geoffrey Rush, bien que moins énergique que dans les précédents volets, reste excellent. Finalement, un film avec juste Jack et Barbossa qui se tirent dans les pattes, ça aurait sans doute eu plus d’intérêt que cette pseudo aventure prévisible à souhait et finalement très générique.
Mais bon, je critique, je critique, je compare encore et encore. Je suis bien conscient que dès la création du projet, ce Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence avait déjà un lourd boulet au pied. C’est finalement un miracle que ce boulet ne l’ait pas englouti au fond de l’océan, car malgré ses défauts et ses longueurs, le film sait se faire agréable à regarder. S’il n’avait pas l’étiquette Pirates des Caraïbes, j’aurai sans doute été plus indulgent. Mais à mes yeux, cette saga a toujours rimé avec envergure et démesure, ce qui n’est aucunement le cas de ce quatrième volet (regardez le dernier plan de Jusqu’au Bout du Monde puis de La Fontaine de Jouvence, sacré différence). Bref, sympathique, mais clairement oubliable.
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Créée
le 9 janv. 2021
Critique lue 81 fois
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