Dans 𝑃𝑙𝑒𝑎𝑠𝑢𝑟𝑒, Ninja Thyberg plonge avec une froideur clinique dans les entrailles de l’industrie pornographique, révélant un monde où l’extrême devient banal, et où l’humanité se dilue dans la quête d’une notoriété illusoire. Le film suit le parcours de Linnéa, une jeune Suédoise de 19 ans, interprétée avec une intensité saisissante par Sofia Kappel. Rebaptisée Bella Cherry pour sa carrière aux États-Unis, Linnéa se confronte à une réalité brutale et impitoyable, bien loin des rêves de gloire qu’elle nourrissait en quittant son pays.

Thyberg fait le choix audacieux de présenter cette plongée dans l’industrie pornographique avec une approche quasi documentaire, dévoilant avec une rigueur implacable les rituels méconnus de préparation des scènes, et les dynamiques d’exploitation qui régissent ce milieu. Le film ne cherche ni à moraliser ni à glorifier, mais à exposer la violence insidieuse d’une industrie où le pouvoir et le contrôle, souvent entre les mains des hommes, se mêlent à des problématiques plus larges, comme le racisme structurel.

Là où 𝑃𝑙𝑒𝑎𝑠𝑢𝑟𝑒 excelle, c’est dans sa capacité à alterner entre des moments d’une froideur presque chirurgicale et des séquences de pure mise en scène, capturant la montée inexorable de la tension et la descente aux enfers de son héroïne. Le dernier segment, en particulier, atteint un point culminant qui témoigne d’une maîtrise narrative et visuelle impressionnante.

Ce n’est pas un film pour tous les publics. Son réalisme cru, renforcé par la participation d’acteurs issus de l’industrie pornographique elle-même, confère une authenticité troublante. Les acteurs, habitués à performer dans des contextes bien différents, se révèlent tout aussi capables de capter les nuances émotionnelles que les exigences physiques. 𝑃𝑙𝑒𝑎𝑠𝑢𝑟𝑒 n’est pas seulement une critique acerbe de l’industrie, mais aussi une exploration poignante de la quête de soi dans un environnement qui dévore ceux qui osent s’y aventurer.

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