Hiroshima, 6 août 1945. Une bombe s'écrase sur la côte. Il aura suffit de 5 minutes pour que le spectateur oublie – plongé au cœur de la vie, d'une rame de métro, du quotidien des salariés en chemin pour leur travail... Cette routine enthousiaste semble imperturbable.
Un éclair blanc, puis la nuit. Explosion. En quelques secondes, tout est brisé – les vitres, les visages, les vies... Ou ce qu'il en reste.
Yasuko, son oncle et sa tante, en mer, sont arrosés d'une pluie noire.
Ce long métrage saisissant peint un quotidien disfonctionnel. Entre tentative de reprendre le rythme, de travailler, de se marier, et les conséquences dramatiques de l'explosion, on assiste, impuissant, à un compte à rebours d'une extrême lenteur vers la mort.
Ce film est extrêmement touchant, parcouru d'accent tragiques, et clairsemé de douceur – la beauté de la campagne où vit la famille, les frissons un amour naissant, les destins croisés des victimes de « l'éclair qui tue ». Ce mélodrame tout en retenue flirte doucement avec le burlesque, sans jamais s'y abandonner entièrement – un quiproquo, des amants maladroits, la folie obsédante... de tels effets sont d'autant plus glaçants qu'ils rendent le destins des hibakusha, victimes de la bombe, toujours plus tragiques : on serait tenté de rire, seulement... Une telle démesure est effroyablement réaliste.
Le bulletin d'information, le son d'une horloge, la pêche aux carpes... Des rendez-vous sans cesse répétés, sans cesse renouvelés, rythment le film. On y devine parfois, de plus en plus clairement, des indices sur la fin tragiques des protagonistes.
Le portrait touchant, sublime, d'une vie à bout de souffle, qui tient bon malgré tout.