C'est un film modeste, qui se contente de dispositif simple et très efficace. Le travelling dans la maison s'opère dans chaque circonstance durant le film, on est aux aguets, on change de pièce, on y revient, on en ressort. Jeanne Moreau est traqué au moindre recoins de son appartement, son fils (Hypolite Girardeau), comme le cinéaste, la traque, il la poursuit, lui impose de revenir sur ses souvenirs; sage au début du film (assis à table avec un peu de toux), il finit par véhiculer dans cette appartement et opère un transfert, et se mais à traquer sa sœur à la place de sa mère.
Ce film est un film où le silence a autant de profondeur que de long dialogue, il y a une architecture dans les sonorités de ce film qui ne permette jamais aux spectateurs d'échapper à la tension mise en exergue. Au début du film, Jeanne Moreau ouvre la fenêtre pour ne plus entendre le jugement de Klaus Barbie, pour essayer de respirer un nouvel air, un air autre que celui qu'elle rumine depuis la libération, rien y fait, elle ferme la fenêtre, enferme la télé dans une pièce, s'en va de cette pièce, mais le son persiste, comme un bourdonnement. Ce bourdonnement est celui d'une mémoire dont elle ne veux plus parler.
Enfin ce film se structure autour du souffle, qui existe dans la véhiculation des personnages dans un même espace comme dans une même famille. Ce film vient extirper les derniers souffles du souvenir de la Shoah, au pris du dernier souffle de la mère de ce film.
Un travail de mémoire structuré autour du non-dit s'effectue sur chacun des personnages du film; il s'immisce jusque dans cette subtile conversation autour d'un thé entre E.Devos et J.Moreau. Un travail sur le souvenir (entre le souvenir individuel -tout le long du film- et l'ouverture sur la responsabilité collectif -la scène de fin-) qui n'est une activité qui ne sera salvatrice pour personne (pas même son fils, qui continue de glaner les seuls informations sur le passé, seul, jusqu'à la fin).
Enfin aux travers d'un parterre d'acteurs qui 'ne se la raconte pas' (alors qu'il pourrait!), un film simple et délictueux défile devant nous au travers de sa lumière et de sa photographie automnale somptueuse (Merci Caroline Champetier!)

Thomas
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le 13 janv. 2011

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