Point And Line To Plane
Fiche technique
Pays d'origine :
Russie, Islande, Canada, États-UnisDurée : 18 minRéalisateur :
Sofia BohdanowiczSynopsis : « Tout phénomène peut être vécu de deux façons. Ces deux façons ne sont pas arbitrairement liées aux phénomènes – elles découlent de la nature des phénomènes, de leur propriété : Extérieur – Intérieur » ainsi s’ouvre Point and line to plane, reprenant l’incipit énigmatique de l’essai théorique éponyme de Wassily Kandinsky (1926). Pour Sofia Bohdanowicz, jeune cinéaste prolixe et largement remarquée (cf. ici son MS Slavic 7, et son projet au FIDLab), ce seront les espaces où se mêlent l’art comme expérience intérieure et l’épreuve de la perte – celle de Giacomo Grisanzio, ami avec qui elle partageait une passion pour le peintre russe. Usant du détour de la fiction, la cinéaste nous dépeint son cheminement, sous les traits de Deragh Campbell, actrice de ses derniers films et déjà son alter ego pour MS Slavic 7. Figure mutique à l’écran alors que sa voix, à la douceur mélancolique, en formera l’unique commentaire sous la forme d’un journal intime nous guidant dans un parcours aux bords de la dépression. De proche en proche, dans un monde comme évidé filmé en 16mm, cela nous conduira du Canada à l’Ermitage à Saint Petersbourg, en passant par le musée Guggenheim de New-York. Avec, au cœur du film, la mise en pleine lumière de l’oeuvre longtemps restée inconnue de Hilma af Klint, pionnière de l’abstraction – pour elle affaire spirituelle et sensible – et de discrets fils tissés entre les deux peintres. Ainsi avance-t-on, pas à pas, dans les méandres de réminiscences, des occasions offertes et des associations qu’elle nous suggère, là écoutant Mozart, ici munie de sa Bolex. Le film déplie dès lors une ode aux puissances vitales des images de la peinture si mal nommée abstraite, celle du cinéma, matières organiques que Sofia Bohdanowicz ramasse en un film dense et lancinant. Une histoire d’articulation et de jonction du dedans et du dehors, et aussi un acte de foi envers le cinéma et l’art comme remèdes. Et le film comme pour faire advenir et accueillir, à l’instar du plan du titre, une ligne à partir d’autant de points épars, à l’image de celles dessinées par Kandinsky s’affichant en ouverture. Une ligne dessinant une trajectoire menant à la possibilité de voir, à nouveau, comme le suggère le finale. (Nicolas Feodoroff)