Pont de papier

Synopsis : Le film est un voyage de la réalisatrice à travers l'histoire de sa propre famille qui raconte à la fois l'histoire des Juifs d'Europe centrale et celle d'une région. Ce voyage commence à Vienne où la grand-mère de Ruth Beckermann a survécu à la guerre en se cachant et en se faisant passer pour muette. La réalisatrice questionne ses propres parents sur la vie qu'ils mènent dans le pays où ils ont été jadis persécutés. De Vienne, elle nous entraîne dans les paysages d'Europe de l'Est, témoins de la persécution et de la destruction des Juifs. Elle part, avec son opératrice, Nurith Aviv, pour la Bukovine, où son père avait jadis vécu heureux. L'équipe ne parviendra jamais dans cette région qui était à l'époque encore soviétique et l'on ne verra aucune image de Tchernovtsy , la ville que le père de la réalisatrice avait aimée. Au lieu de quoi, le film évoque cette culture perdue au cœur de l'Europe centrale, il nous conduit dans des petits villages roumains dont les paysages brumeux traversés de voitures à chevaux semblent surgis d'un autre temps. Ce qui a été, bien souvent, échappe à l'image. Ruth Beckermann cherche à comprendre son «sentiment d'inappartenance» (d'après le titre d'un livre qu'elle a écrit sur les relations entre Juifs et Autrichiens après la guerre). C'est l'impossibilité de partager le souvenir, cette faille sur laquelle s'édifie une mémoire collective, qui fonde le projet du film.