Sans compromis aucun, Toyoda croque dans Pornostar une œuvre d’un nihilisme absolu, assaillie par des ambiances dépressives qui prennent aux tripes. Son jeune acteur principal propose une partition très crédible de jeune loup solitaire en manque de repères qui n'a plus rien à perdre. Sa démarche, entière et troublante, est au centre du film et donne le ton dès la séquence d'ouverture : Toyoda se moque pas mal du réalisme, il préfère la métaphore et la suggestion pour construire, à coup d'images et de musique, une bobine rock & roll sans structure, totalement hypnotique pour qui sait la recevoir.
S’il est à regretter un petit manque d’homogénéité de l'ensemble, certains enchaînements sont un peu cavaliers dans l'histoire, c’est certainement parce que Pornostar est un premier film marqué des défauts inhérents à cette plongée dans le grand bain de la réalisation, à savoir une fougue non contenue au service des expérimentations les plus diverses. Mais malgré cet excès d'envie et des idées en pagaille, Pornostar parvient à s'imposer comme une oeuvre cohérente en faisant de ses petits points noirs des aspérités attachantes.
Son côté totalement over the top, qui évite de basculer dans l'outrancier, est particulièrement stimulant parce qu'il est mû par une belle inspiration en matière de mise en scène. On y sent bien une débrouille due à des deniers limités, mais curieusement, ce côté très brut de décoffrage qui motive l'image est utile à l'installation de la violence picturale qui caractérise le film.
Pornostar est un uppercut brutal, quand il heurte les mâchoires, c’est sans les gants. La marque de fabrique d’un cinéaste qui possède indéniablement un univers percutant fait d’images énervées et de riffs rageurs. De quoi manquer le gong, ignorer le décompte de l'arbitre et s'abonner pour la suite sans y penser à 2 fois.