D'origine biélorusse, Loznitsa a grandi en Ukraine, tourné ses premiers films et documentaires en Russie, avant d'aménager en Allemagne en 2001. C'est à cette période qu'il tourne Portret, un de ses courts-métrages en noir et blanc, d'une durée proche de la demi-heure.
Il y investi un village russe vivant comme à l'ancien temps, celui qui était encore commun dans le contexte de Requiem pour un massacre. Les paysans y sont pris sur le fait, statufiés pendant leurs activités. L'ensemble de leur vie publique est parcouru : ils sont vus dans leur travail, mais aussi en collectif, dans leurs loisirs, dans les déplacements et les évasions solo. Aucune intimité n'est partagée, la caméra n'approche qu'une fois la porte, ne la passe jamais. L'intérêt de tout figer peut être obscur, surtout qu'il nuit au réalisme.
Il permet de cumuler des tableaux d'une communauté paysanne avec un maximum de netteté, à défaut de vivacité et de profondeur. Loznitsa présente des semblants de photographies, sans les limites de celle-ci, ni le décalage qu'induirait une bande-son ouvertement plaquée sur des images fixes. Le film est sans fantaisie, le mystère est davantage ses motivations dans le détail. Comme Polustanok, il vise probablement à baigner les premiers publics visés dans des atmosphères lointaines, reflets de conditions d'existence rudes et spécifiques (ce sera encore le cas dans Fabrika). Portret doit miser sur le gouffre entre la modernité, son culte de la vitesse et ce mode de vie arrêté dans le temps, tendu vers une immobilité inconfortable.
https://zogarok.wordpress.com/2019/02/21/quatre-films-de-loznitsa/