Parenthood est un film étrange et inabouti qui aimerait être la grande œuvre-choral de la parentalité mais qui ne réussit qu’à faire se succéder les petits sketchs peu drôles. Seul le couple interprété par Steve Martin et Mary Steenburgen retient l’attention, la force de jeu des deux acteurs ainsi que leur complicité à l’écran apportant à l’ensemble une sensibilité bienvenue. Surtout, le long métrage de Ron Howard divulgue mal ses intentions – qu’il ne s’agit pas de condamner ici – : brosser le portrait de la famille nombreuse américaine dont le puritanisme n’est jamais menacé, ne voit jamais ses fondations questionnées ou ébranlées, sinon par quelques zones de turbulence en réalité inoffensives (le jouet sexuel, la fellation suggérée dans la voiture). Au contraire, il y a quelque chose de profondément hypocrite là-dedans, un goût pour le scabreux et le vulgaire qui donne l’impression de jouer avec la moralité, alors qu’il n’en est rien : l’idéal puritain finit à terme par triompher, la réunion de la famille s’orchestre autour du nouveau-né.
En outre, ce rapiéçage à grand renfort de sucre et de bons sentiments ne va pas sans un mépris pour les personnages secondaires qui sont totalement évacués, à commencer par le petit garçon métisse qui n’a jamais le droit à la parole, qui n’apparaît qu’une poignée de secondes à l’écran. Howard ne sait pas comment construire son récit-choral et oublie ses protagonistes en cours de route, peine à croiser les fils individuelles de destinées collectives (une seule et grande famille). Parenthood vaut donc exclusivement pour son couple principal, les grimaces de Steve Martin restant d’excellents remèdes contre les idées noires.