Pas évident de poser les mots sur le bureau pour composer quelques phrases cohérentes à la fin d'un film comme Possession. Il est tellement envahi de rage pure qu'il est quasiment impossible d'en trier les rares résidus homogènes pour trouver un sens quelconque à l'agression visuelle et sonore qu'y délivre son auteur. Oeuvre amère, que l'on devine enfantée dans la colère, Possession cingle son spectateur par son ton si personnel qu'il en est quasiment inaccessible.
Je suis pour ma part resté en retrait devant le jeu exagéré au possible de l'ensemble des comédiens, et ce, même si ces derniers donnent tout ce qu'ils peuvent. Isabelle Adjani et Sam Neil se noient dans leurs personnages, en tentant de donner à l'homme qui les dirige, l'inconsistance que ce dernier recherche. Comme si Andrzej Zulawski recherchait tout sauf le réalisme, tout sauf l'appréhensible. Dans possession, il n'est histoire que de torture des sens et de douleur. Quand Adjani doit véhiculer sa détresse, elle hurle pendant un interminable quart d'heure, quand elle illustre avec Sam Neil la destruction sans fin de leur couple, c'est en tombant dans un masochisme sordide qui ne leur inspire qu'indifférence.
On ne peut enlever à l'oeuvre de Zulawski sa singularité ni ses atmosphères pesantes. Il y fait preuve d'une détermination à imager la douleur qui fait froid dans le dos et fonctionne par bribes. Mais pour se laisser complètement convaincre, il faut certainement pouvoir s'abandonner totalement à sa dépressive leçon, quitte à en oublier son sens premier. Dès lors, ceux qui ne peuvent se laisser dévorer par l'ambition provocatrice bien trop exagérée du monsieur (l'ultime séquence en est un bel exemple), trouveront le temps long, quitte à subir la séance au sens premier du terme.
De mon côté, je quitte Possession avec un profond respect pour l'intention acharnée de Zulawski ainsi que pour son travail sur la forme de certaines séquences de son film, même si j'en garderai probablement un souvenir d'exagération non légitime qui m'a profondément agacé, à l'image de cette scène censée être culte où Adjani se plie à un caprice sous LSD dans les bas fonds sordides d'un métro qui doit encore se souvenir avec amertume du surjeu de sa crise.